WHISKEY MYERS: Tornillo (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Avec son album éponyme tout vêtu de blanc, Whiskey Myers avait frappé fort et les résultats ne se sont pas fait attendre avec en particulier une place de numéro 1 dans le Top Country Album en 2019. Derrière cette reconnaissance en matière de ventes, les Texans ont enchainé les dates sold-out et ont même assuré la première partie des Rolling Stones sur leur tournée nord-américaine "No Filter". Le revers de la médaille d’un tel succès, c’est que la pression passe à un niveau largement supérieur à l’heure de sortir un nouvel album. Il aura donc fallu trois ans au sextet de Palestine (Texas) pour sortir un "Tornillo" qui doit son titre à la ville texane, frontalière du Mexique, dans laquelle il a été enregistré.

Il y a d’ailleurs des effluves de Fort Alamo dans l’introduction éponyme qui voit un soleil brûlant se lever sur le premier single de l’opus intitulé ‘John Wayne’. Et en un titre, Cody Cannon et sa bande mettent un terme à toute forme de résistance. Une basse qui balance un groove à briser les reins d’un appaloosa, un harmonica rutilant aussi aveuglant qu’un crépuscule rougeoyant, des chœurs féminins et une section de cuivres qui propulsent l’ensemble avec puissance, et un plaisir qui déboule de tous les côtés, voilà qui rend honneur à la légende dont il porte le nom. La musique de Whiskey Myers est kaléidoscopique tout en restant profondément ancrée dans ses terres sudistes, et cette variété se retrouve tout au long de cet album aussi riche que cohérent.

Tout y passe, des titres monumentaux alliant puissance, mélodie et dynamisme avec d’imparables cavalcades guitaristiques (‘The Wolf’, ‘Bad Medicine’) aux pièces émouvantes et mélancoliques (‘For The Kids’ et son solo final déchirant), en passant par des instants plus légers qui donnent envie de se mettre à danser en sautillant (‘Feet’s’, ‘Mission To Mars’). Le talent et l’authenticité transpirent de chaque piste de ce "Tornillo" sur lequel la bande de potes est venu greffer le savoir-faire d’une formation qui tourne depuis quinze ans et qui est désormais sûre de ses forces. N’allez pas croire que les mecs ont chopé la grosse tête. Ils sont encore capables de se remettre en question et continuent de s’interroger sur eux-mêmes (‘Heavy On Me’, ‘Heart Of Stone’) et sur ce monde qui devient fou (‘Whole World Gone Crazy’), et c’est ce délicat équilibre entre doute et confiance qui rend cet album encore plus attachant.

Alors embarquez vite dans le pick-up de Whiskey Myers pour un trip au travers des états du Sud. "Tornillo" sera la parfaite bande-son de ce voyage dont les paysages défileront aussi bien devant vos yeux qu’entre vos oreilles envoutées, et ceci avec une variété qui rend impossible tout sentiment de lassitude. Loin de s’être laissé aveugler ou tétaniser par le succès de son précédent opus, le gang de Cody Cannon a confirmé tous les espoirs placés en lui et s’installe solidement sur les sommets d’un southern rock qui n’attendait que lui pour se renouveler tout en respectant des traditions ancestrales.

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