Bien avant l'arrivée de leur hit interplanétaire "Sex on Fire" et du succès qui les accompagnera, Les Kings Of Leon distillaient un rock sudiste que nombreux décrivent comme un mélange des Strokes et de Creedence Clearwater Revival. Leur premier album "Youth and Young Manhood", qui fait suite à un EP ayant eu un succès relatif, présente alors quatre jeunes garçons issus d'une même famille prêts à défendre en musique leurs racines du sud et leur volonté de s'émanciper d'un carcan familial très religieux (le père de trois d'entre eux était prêcheur).
Il est évident que les amateurs qui ont connu et apprécié tardivement Kings Of Leon seront surpris, voire déçus du contenu de ce premier effort. Oubliez la basse bien mise en avant qui fait l'ossature de la majorité des morceaux actuels et le style alternatif et intimiste englobant les derniers albums. Ici, vous ne retrouverez qu'un mélange assez hétéroclite de garage, blues voire punk rock sur une douzaines de titres très courts et à la production bien roots.
En dehors du fait que rien ne ressemble - à première vue - à ce que Kings Of Leon fait de nos jours, du chant qui paraît ici très nonchalant, parfois forcé à la limite de l'écoutable (‘Trani’) aux compositions souvent anecdotiques et fortement datées, certains curieux pourraient bien trouver quelques petites pépites à leur goût. A commencer par le single ‘Molly's Chambers’ dont la mélodie, assez connue, devrait faire sortir un grand nombre d'auditeurs de leur torpeur ainsi que ‘California Waiting’ qui se rapproche le plus de ce que Kings Of Leon propose de nos jours (à part ce final insupportable). On pourrait aussi citer dans une moindre mesure ‘Red Morning Light’ pour son dynamisme et sa construction un peu plus évoluée.
Si ce "Youth and Young Manhood" risque fort en 2022 de passer à la trappe pour une majorité de fans récents de Kings Of Leon avec ses rythmiques punk assagies un peu trop redondantes et ses mélodies simplistes, il reste malgré tout un témoignage intéressant de l'évolution du groupe. Car en écoutant attentivement, on retrouve en fond les prémices de ce que deviendra le groupe, notamment cette basse ronronnante omniprésente, certaines intonations dans le chant et ces paroles partagées entre racines religieuses et sexe.