Emerson, Lake and Palmer, le retour ! Quatorze ans après l’inénarrable “Love Beach”, sommet de kitscherie ratée, le célèbre combo anglais retrouve sa formation d’origine (Greg et Keith ayant remis le couvert en 1985 avec Cozy Powell derrière les fûts, pour un album pas si mal réussi). Les fans des grandes heures ont donc levé un sourcil interrogatif à l’arrivée de ce “Black Moon”: attrape commerciale ou retour aux sources ?
Nettement, cet album sonne plus pop formatée que prog. Malgré tout, un certain soin apporté dans la réalisation et une bonne cohésion dans le groupe donnent un résultat que l’on qualifiera d’honorable.
ELP reprennent les recettes qu’ils maîtrisent bien : l’adaptation de classique (Roméo et Juliette), la ballade Lakienne (Affairs of the Heart, Footprints in the Snow), le morceau de piano composé conjointement (Close to Home), le solo de synthé très en avant comme dans “Lucky Man” (Farewell to Arms), l’intégration du Hammond (Black Moon, pas mal du tout), et y ajoutent des chœurs féminins (Paper Blood) ou une petite façon plus moderne/electro avec Better Days.
Quoi de neuf dans tout ça ? A vrai dire, pas grand chose : la production est certes plus soignée qu’avant, la voix de Greg Lake est légèrement différente. Les deux anciens furieux qu’étaient Keith et Carl se sont confortablement installés (où sont passés les délirants solos de claviers et la richesse d’utilisation des percussions ?).
“Black Moon” apparaît donc comme un album de nostalgiques : pas mauvais ... mais les fans de la première heure attendaient autre chose que ce feu en train de s’éteindre. Pour les autres, cet album paraîtra bien sage et ne les motivera pas à explorer les œuvres précédentes, ce qui serait bien dommage : retournons à la tétralogie des premiers albums studio ...