Michael Kiwanuka est une leçon de vie. Enfant, il fuit avec sa famille le régime d'Amin Dada en Ouganda pour s'établir à Londres. C'est à 12 ans que sa mère lui offre sa première guitare, une révélation qui va l'amener à vivre pour la musique, rien que la musique. La découverte d'Otis Redding et Bob Dylan sera un second catalyseur qui va le faire adopter un style musical aux influences prononcées et pourtant très personnel, mélange de funk et de soul ancré dans les années 60 et 70.
"Home Again", premier album paru en 2012, peut être considéré comme une excellente entrée en matière pour ce jeune musicien qui, s'il n'a rien à prouver en tant que musicien de studio (il a notamment accompagné Adele en 2011), veut montrer qu'il est capable de composer des chansons soul modernes et surtout les chanter. Le premier titre permet ainsi de découvrir tout en douceur les influences soul de Michael Kiwanuka que l'on pourra aisément rapprocher des travaux de Van Morrison. Avec ses multiples soli à la flûte, violon ou autres saxophones et ses arrangements de cuivres et de cordes, 'Tell Me A Tale' est un véritablement enchantement pour les oreilles. Le son très organique fait ressortir chaque instrument, chaque souffle, fait claquer le cross stick, vrombir les toms et dans une ambiance feutrée, donnant l'impression d'écouter une session live privée. Mais c'est surtout la voix de Michael Kiwanuka qui ressort de l'ensemble, chaude et gorgée de feeling, magnifiant ainsi tout naturellement un premier morceau très prometteur.
Le second titre, 'I'm Getting Ready', va quant à lui s'appuyer un peu plus sur les influences folk du guitariste/compositeur le rapprochant cette fois d'un Bob Dylan. Une fois de plus, Michael Kiwanuka nous emporte dans son univers intimiste et cotonneux, au son de quelques arpèges de guitare et d'un chant envoûtant secondé en fin de morceau par des chœurs à même de vous faire sourire béatement.
Le reste de l'album ne réservera pas de réelles surprises, développant les aspects que l'on retrouve sur ces deux premiers titres en les associant souvent subtilement. On pensera à Otis Redding sur 'Bones' ou à Ennio Morricone sur 'Always Waiting' et globalement rien ne viendra chambouler cette atmosphère moderno-vintage de quiétude et de paix.
Aussi efficace en fond sonore qu'en écoute attentive, "Home Again" est un excellent premier essai qui va lancer la carrière de Michael Kiwanuka de façon assez impressionnante. Nommé en janvier 2012 meilleur nouveau son de l'année par un sondage de la BBC, il atteindra la quatrième place des charts anglais et sera vendu à plus de 70 000 copies. Si vous aimez être bercé au son des années 70, cet album est fait pour vous.