Il y a deux ans, Soilwork frappait un grand coup avec un EP sorti de nulle part, "A Whisp Of The Atlantic", emmené par un titre éponyme absolument magistral du long de ses 17 minutes. Une première pour le groupe ! Avec cette nouvelle offrande, "Övergivenheten", la formation revient aux fondamentaux avec pas moins de 14 titres au format au contraire plus ramassé et aux allures plus directes.
La première chose qui frappe à l’écoute de cet album est la pertinence du choix des singles. Notamment les deux premiers qui s’avèrent être les deux premières pistes de l’album. Le morceau éponyme s’ouvre sur un crescendo guerrier aux accents épiques latents. Björn ‘Speed’ Strid (chant) dit d’ailleurs de ce titre qu’il pourrait bien être le "summum du voyage musical du groupe", et on ne peut que lui donner raison. ‘Nous Sommes La Guerre’ est quant à lui le titre le plus solide du disque avec un refrain tout simplement addictif, mélange de beauté et de puissance, alliage parfait de sensibilité et de fermeté. ‘Dreams Of Nowhere’ se démarque lui aussi avec son refrain impeccable et de bonnes idées de composition, tout comme ‘Death, I Hear You Calling’, accrocheur et groovy.
Bien que Soilwork confirme son virage death mélodique aux côtés pop, les racines death restent bien présentes avec l’usage récurrent du blast beat (‘Electric Again’, ‘Is It In Your Darkness’, ‘This Godless Universe’) et un chant tantôt clair tantôt hurlé toujours monumental.
Quelques petits éléments d’innovations surprennent également. C’est le cas des deux interludes instrumentaux ‘The Everlasting Flame’ et ‘Morgongåva/Stormfågel’, mais aussi de l’utilisation d’instruments acoustiques avec la présence d’un banjo notamment sur la piste introductive, ainsi que quelques belles incursions de violon sur ‘Electric Again’ ou encore ‘This Godless Universe’. Malgré les années, Soilwork parvient à ajouter des petits ingrédients venant épicer sa recette, tout en conservant son style singulier.
S'il n'y a pas d'epic de 17 minutes comme sur "A Whisp Of The Atlantic", les Suédois confirment leurs qualités d’écriture dès qu’il s’agit de composer des titres plus alambiqués et plus longs. ‘On The Wings Of A Goddess - Through Flaming Sheets Of Rain’ qui clôt le disque propose plus de 7 minutes de death mélodique évolutif, surfant d’une ambiance à l’autre sans accrochage et avec réussite.
Alors certes, il s’agit d’un album long et dense (14 titres pour 65 minutes). Quelques pistes en moins n’auraient pas entaché la qualité du disque et auraient permis de focaliser l’attention de l’auditeur sur un contenu plus "essentiel". Mais une telle prolixité après plus de 25 ans de carrière reste une sacrée performance, et si tout n’est pas à retenir dans cet album, l’ensemble reste relativement plaisant. Les fans de Soilwork devraient donc y trouver leur compte car la recette est respectée, tout en distillant par moments quelques évolutions bienvenues laissant entrevoir encore de belles choses pour l’avenir.