Après le succès fulgurant de "Hot Fuss", The Killers reviennent deux ans plus tard avec un nouvel opus, "Sam's Town". Reprenant le nom d'un hôtel/casino de Las Vegas, la ville natale du groupe, l'album reçoit à l'époque un bon accueil de la part du public, un peu moins de la part des critiques bien qu'il soit considéré en tout humilité par son chanteur, Brandon Flowers, comme "un des meilleurs albums sortis ces 20 dernières années". Réflexion qui sera étonnamment confirmée en 2009 par les lecteurs de Rolling Stone l'élisant album le plus sous-estimé de la décennie.
A l'écoute des premiers titres, les habitudes du groupe ne semblent pourtant pas avoir été chamboulées. On retrouve ce chant toujours aussi haut perché, peu mélodique et à la tessiture assez limitée mais qui fait partie intégrante de l'identité du groupe. Les titres enlevés sont encore de la partie avec notamment 'When You Were Young', le hit ultime de l'album avec son pont aérien en son milieu et son petit crescendo faisant son effet. L'ensemble est à l'évidence bien joué, le contenu varié... Mais alors que reproche-t-on à ce "Sam's Town" ?
Tout d'abord, de nombreuses critiques ont souligné une propension à s'être un peu trop inspiré de "Born To Run" de Bruce Springsteen. Et en comparant les deux, malgré les années qui les séparent et une production très différente, il est indéniable que les ressemblances sont flagrantes, particulièrement cette façon à doubler les lignes de chant et à garder un ton assez monocorde dans les aigus (même si la tessiture n'est pas la même entre les deux chanteurs). Parlons-en, du chant... Brandon Flowers l'a avoué lui-même, il a beaucoup utilisé l'auto tune sur "Hot Fuss", ce qu'il n'a pas fait sur "Sam's Town". Eh bien ça s'entend... Les ratés dûs au manque de justesse sont suffisamment nombreux et disséminés un peu partout pour faire grincer des dents et gâcher le plaisir. On pourra aussi ajouter aux griefs la fin lourdingue de 'Sam's Town', les désagréables et interminables lignes vocales de 'Uncle Jonny' qui viennent pourrir une partie instrumentale pourtant assez bien trouvée, les inutiles 'Enterlude', 'Exitlude', 'My List', l'étrange 'Bling' avec ses lignes de claviers bizarres en fond sonore, etc.
Au final, peu ou pas grand-chose de positif ne ressort de ce "Sam's Town". Dire que son écoute est un calvaire serait exagéré, d'autant que les mélodies sont souvent agréables, mais les titres sont presque tous entachés d'une ou plusieurs maladresses qui réduisent le plaisir d'écoute. Un album sans doute sorti trop vite, manquant de rigueur de la part de musiciens qui se voyaient déjà trop beaux ?