TODD SHARPVILLE: Medication Time (BLUES,-) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Todd Sharpville a bien du mal à se faire un nom en France. Pourtant, il prêche la bonne parole du british blues outre-manche depuis 30 ans, avec un certain succès. Son premier album paru en 1992 a d’ailleurs d’emblée obtenu le prix du meilleur album aux British Blues Awards. Néanmoins, sa carrière est tout sauf un long fleuve tranquille. Fils cadet du troisième vicomte St Davids, il a d’abord dû s’imposer comme le premier (et le seul) bluesman à sang bleu. Difficile en effet d’être crédible dans ce style musical pour un descendant d’une lignée aristocratique. Mais la vie lui a permis de trouver l’inspiration. Notamment un divorce douloureux qui lui imposa d’être séparé de ses filles et qui l’entraîna dans la spirale de la dépression, jusqu’à être hospitalisé plusieurs mois en psychiatrie. C’est cette descente aux enfers que Todd Sharpville nous raconte dans ce nouvel album, “Medication Time”, dans lequel il se livre sans fard mais qui, même s’il respire la sincérité, présente de nombreux défauts.

En effet, “Medication Time” est plombé par l’excès de générosité de son auteur. 12 titres pour plus de 60 minutes de musique, c’est long pour un album de blues. Surtout qu’il contient quatre ballades (‘Tangled Up In Thought’, ‘Medication Time’, ‘Silhouettes’, ‘I Don’t Need To Know Your Name’) qui, malgré leurs qualités, ont bien du mal à ne pas pénaliser la dynamique de l’ensemble. Une dynamique qui pâtit par ailleurs de certains choix douteux, notamment la reprise dans une version shuffle assez étrange du ‘Money For Nothing’ de Dire Straits, où le thème est décliné à l’harmonica pour un résultat certes surprenant, mais assez superflu.

Dommage que ces incohérences pénalisent “Medication Time”, car par ailleurs Todd Sharpville domine de sa voix rauque et de son jeu de guitare très inspiré la quasi-totalité des morceaux, pour un résultat parfois brillant. C’est le cas avec l’excellente reprise de ‘Walk Out In The Rain’ de Bob Dylan et c’est également le cas avec ses propres compositions d’inspiration rythm and blues (‘Get Outta My Way’, ‘Brothers From Another Mother’, ‘Stand Your Ground’), sur lesquelles il démontre son véritable talent de guitariste blues.

Aucun doute, les maîtres de Todd Sharpville s’appellent Albert King, Eric Clapton et Joe Louis Walker. Ça se ressent dans la fluidité de son jeu et dans sa recherche permanente de la note juste. La frustration n’en est que plus aiguë pour l’auditeur à l’écoute de cet opus bien trop long. Un effort de concision aurait sans doute permis à “Medication Time” d’être un grand album. Au lieu de ça, il n’est qu’un disque de blues de plus. Le mieux est souvent l’ennemi du bien, même en musique.

TODD SHARPVILLE

MEDICATION TIME

DIXIEFROG RECORDS

BLUES