Ceux qui craignaient de voir Jani Liimatainen disparaître du paysage métallique après son départ de Sonata Arctica ont été rapidement rassurés. Entre Cain’s Offering aux côtés de Timo Kotipelto, The Dark Element en compagnie d’Annette Olzon et Insomnium qu’il vient de rejoindre, le guitariste a de quoi s’occuper. Pourtant, toutes ces formations ne semblent pas suffisantes pour cet artiste qui se lance dans l’aventure d’un album solo aux influences aussi vastes que le nombre d’invités. "My Father’s Son" débarque sur nos platines en cette année 2022 avec une partie de la fine fleur du metal finlandais élargie à quelques cousins suédois ainsi qu’au Brésilien Renan Zonta (Brother Against Brother, Electric Mob, Skills).
Mais commençons tout de suite par rassurer ceux qui craindraient un album de guitariste. Pas de démonstrations techniques tout au long des dix pièces qui façonnent cet opus. Jani Liimatainen se met au service de ses compositions, et la six-cordes partage allégrement la lumière avec les claviers d’un Jens Johansson (Stratovarius) qui ne s’en prive d’ailleurs pas pour offrir de superbes riffs et soli. Ce qui frappe également à l’écoute de "My Father’s Son", c’est sa variété que certains n’hésiteront pas à confondre avec un manque de cohérence. Pourtant, du speed mélodique ‘All Dreams Are Born To Die’, célébrant avec succès les retrouvailles du maître des lieux avec un Tony Kakko (Sonata Arctica) en pleine forme, au surprenant et folk ‘I Could Stop Now’, en passant par l’euphorisant et FM ‘Side By Side’ et son étonnant solo de saxophone, l’identité scandinave prégnante et un sens de la mélodie imparable lient parfaitement l’ensemble.
Souvent énergique et toujours accrocheur, cet opus transpire le metal septentrional par toutes ses notes et sous toutes ses formes. Du single ‘Breathing Divinity’ qui lance le festival avec un pop-metal sur lequel plane l’ombre des cousins norvégiens de Pagan’s Mind, à l’épique et captivant titre éponyme qui le clôture sur plus de onze minutes progressives et émouvantes, il y a de quoi profiter du meilleur d’un metal mélodique protéiforme et envoûtant. Chaque chanteur y est mis dans les meilleures conditions et offre des performances de haut vol, prouvant que le plaisir est ici partagé par tous les intervenants. Parmi cet ensemble sans réelle baisse de régime, ‘The Music Box’ surprend avec sa mélodie à la fois naïve et tourbillonnante et son crescendo plein de maîtrise. Quant à ‘Haunted House’, il voit Jani s’emparer du micro pour un moment de profonde mélancolie, sombre et délicat.
Il serait donc dommage pour tout amateur de mélodies énergiques de passer à côté de cet opus aussi varié qu’attachant, et que Jani Liimatainen ne reçoive pas la reconnaissance que son travail solo mérite. "My Father’s Son" captive sur toute sa durée par la multiplicité des paysages explorés mais également par la cohérence de son propos. Cet opus met en valeur la richesse du metal mélodique scandinave, et finlandais en particulier, mais également le talent d’un artiste qui privilégie pourtant ses compositions et ses invités. Voici incontestablement un album aussi inattendu qu’accrocheur qui ne devrait pas passer inaperçu.