Trois années après Subsurface, le groupe de hard-rock Threshold revient faire parler de lui mais cette fois via un nouveau label, Nuclear Blast. Un label qui ajoute un des fer de lance du prog européen à son catalogue, plutôt dédié traditionnellement aux groupes plus « heavy ». Et ce départ de Inside Out pour Nuclear Blast n’est peut être pas si incohérent avec la direction plus agressive qu’à pris le groupe avec ce "Dead Reckoning".
Quoi de neuf chez nos amis Grands Bretons ? A part le départ de Nick Midson, deuxième guitariste du groupe, pas de nouveautés notables. En effet, Threshold garde les mêmes recettes qui ont fait son succès jusqu’à maintenant. L’utilisation des sons électroniques s’est confirmée depuis la tendance prise avec l’album "Critical Mass". La seule nouveauté, disais-je en introduction, est la tournure plus agressive du groupe et cela dès le premier titre Slipstream. Tant au niveau du jeu de guitare de Groom que du clavier de West, lequel sort des sons et des solos que ne renierait pas Jordan Ruddess, les compositions se sont durcies. Cette impression se confirme avec la présence du Hurleur Dan Swano, qui vient, de manière ponctuelle, appuyer les refrains sur les titres "Slipstream" et "Elusive". Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas le bonhomme (tout comme votre serviteur jusqu’à aujourd’hui), celui-ci est le chanteur et multi instrumentiste du groupe de death suédois « Edge of Sanity ».
Les parties instrumentales sont assez bien intégrées. Les solos de Karl Groom sont plus techniques qu’avant, tout en gardant le toucher du virtuose. Le chant de Mac est toujours aussi efficace même si l’utilisation qu’il en fait est assez restreinte. Enfin bref, c’est du Threshold pur jus comme on l’aime. On retrouve neuf morceaux pour 55’12 de très bon métal progressif. La plupart des morceaux sont d’excellente facture avec deux titres, "Pilots in the Sky of Dreams" et "Fighting for Breath", motivant à eux seuls l’achat de ce Dead Reckoning.
"Pilots in the Sky of Dreams" nous dévoile une structure alambiquée et épique. Après une intro au piano typée ballade sans grande saveur c’est un déferlement de breaks et de phases très percutants qui s’enchaînent à la vitesse de la lumière. Les solos de Groom, tantôt tout en feeling, tantôt tout en force, entrent en duel avec les interventions de West au clavier beaucoup moins timides qu’auparavant. Le chant de Mac est rageur comme si sa vie en dépendait. Les 9’44 de ce morceau (le plus long de l’album) passent à une allure folle et on est pris par l’envie irrésistible d’appuyer sur Repeat.
Autre perle du diptyque numérique, "Fighting for Breath", véritable tour de force avec introduction très Dream Theater période 6DoIT et sa basse bien grasse : 8’16 de plaisir !
"One Degree Down » flirt avec le meilleur Vanden Plas, signe du virage plus métal pris par le groupe. A signaler que les ballades mielleuses d’antan ont été abandonnées dans cet album.
Au delà d’un certain manque d’originalité de ce cru 2007, la sortie d’un album de Threshold est toujours un événement important. Malgré une prise de risque quasi nulle, le plaisir est toujours d’actualité et il est certain que plus d’un groupe aimerait sortir des albums d’une telle qualité avec la même régularité. Threshold fait partie de la première division du métal progressif et n’est toujours pas près de céder sa place.