Le moins qu'on puisse dire est que ces Islandais ne font pas dans la musique commerciale ni facile à définir. En fait, Ulpa, avec son deuxième album (le premier, "Mea Culpa", date de 2001), étale la multiplicité de ses goûts, qui vont du rock alternatif (entendez par là... du punk !) à la musique atmosphérique et contemplative de Sigur Ros, en passant par une sorte d'electro-pop où figurent boîtes à rythmes et synthés, en plus des guitares aux sons clairs, vaporeux, presque liquides. On peut aussi citer Bowie aussi à cause du chant de Magnus Leifur (voix, guitare, synthé), parfois assez proche de celui du célèbre dandy anglais, grave ou plus aigu, maniéré, guttural, quelque peu caricatural à l'occasion. Le beau David est sans aucun doute une influence avérée.
Si les morceaux sont tous plus ou moins courts (13 titres qui varient entre 1 et 4 minutes), ils n'en sont pas moins déroutants et variés, très peu "commerciaux", si tant est que ce terme ait un sens universel. Les rythmes sont parfois irréguliers, fréquemment moyens ou lents, voire langoureux.
Si vous ne l'aviez pas compris, le son peut varier de façon assez drastique suivant les morceaux. Il ne faut en tout cas pas se laisser rebuter par le très brutal et caricatural "Sexy dick" (quel titre évocateur !) aux riffs de guitare hachés et déchirants avec ces parties vocales rageuses et scandées, qui suivent une courte intro avec bizarreries de guitare sur fond de batterie saccadée au son creux très à la mode... le reste est très différent. Si "yeah, that's right" qui suit reste étrange avec des sons de guitares plus ou moins traités, dissonants à l'occasion (pas sans rappeler les Talking Heads et Adrian Belew d'ailleurs) et les vocaux difficiles à suivre, l'album se révèle plutôt plaisant, quoique étrange, avec des mélodies relativement minimalistes. Il me semble très difficile de crier au génie... Les synthés, joué par Bjaren Gudman (principalement le guitariste du groupe) et Magnus Leifur, demeurent occasionnels, avec des sons assez froids, modernes, façon Kraftwerk. Ce sont surtout les guitares qui dominent, avec des textures variées, le plus souvent claires et réverbérées (on pensera aux Cocteau Twins à ce niveau) avec la section rythmique qui ressemble parfois à une série de séquences électroniques (Atlantic Ocean, par exemple), ou au contraire sonne de manière très organique (la plupart du temps).
Bref, c'est assez inhabituel, du moins pour qui ne connaît pas les références citées ! Ulpa est parfois assez expérimental, très éloigné de ce que l'on pourrait appeler du rock progressif tout en affichant un anticonformisme et une envie de recherche sonore à même d'attirer l'attention des amateurs du genre.