Headkeyz est un projet né sous l'impulsion d'ADG, artiste qui n'est pas totalement inconnu. Le musicien montpelliérain a déjà acquis un certain bagage fort de plusieurs collaborations et albums dont le dernier en date était "Schizophrenic Conversations". L'artiste dispose d'un éventail large de styles qui fait qu'on a du mal à lui coller des étiquettes. Ce caractère insaisissable est à l'image du premier album de Headkeyz.
"The Cage & The Crown : chapter I" ("la cage et la foule") est le premier d'une série de deux albums au nom symbolique au regard de la société contemporaine. Ce disque se réclame du post grunge. S'il est vrai qu'il en revêt les atours, il pioche plutôt vers l'alternatif 90's et le fuzz des années 70 comme en témoigne le titre 'Killing God' au groove terriblement efficace. Car il réside ici des éléments nostalgiques qui peuvent revenir à la figure de l'auditeur comme dans l'admirable '7Even', sorte de mélange entre les sept péchés capitaux et l'Even, au rythme saccadé, presque funky, qu'un refrain dynamite à coup de riffs puissants.
Le concept, qui repose schématiquement sur l'éculée thématique "l'homme est un loup pour l'homme", engendre à la fois des morceaux dynamiques ('Run, Run, Run' tout en tension), parfois plus oppressants ('Passenger' avec sa ligne de guitare en filigrane qui rappelle la grande période Pearl Jam) tout en offrant quelques titres de transition drôlement bien foutus ('Ctrl+Z'). L'album propose aussi quelques moments également contemplatifs et introspectifs tel 'Speak', magnifique ballade néo atmosphérique. Le point culminant de l'album est atteint lorsque débutent les premières notes de 'Big Bad World', sorte d'hybride de tout ce qui précède, qui se conclut sur une dernière partie quasi épique.
Voilà un album qui surprend par sa richesse et surtout par la recherche mélodique de chaque instant. Headkeyz aurait pu se perdre dans l'exercice périlleux d'être très éclectique dans son orientation, pourtant "The Cage & The Crown : chapter 1" est fort bien composé et interprété. Avec un côté immersif qui pousse à la réflexion par ses petits moments de contrastes, il en ressort une écoute très agréable.