Alors qu’il faisait partie des membres fondateurs de ce qui fut d’abord Metal Shop, le départ de Lexxi Foxx de Steel Panther a résonné comme un coup de tonnerre auprès des fans des glameurs de Los Angeles. Comme d’habitude, le groupe a multiplié les déclarations au second degré afin de ne pas évoquer les véritables raisons de ce départ. Mais qu’il s’agisse d’une "réadaptation sexuelle"ou du "développement de sa propre entreprise intitulée ‘les plus beaux animaux de compagnie de Sexxy Lexxi’", cela n’a que peu d’importance. Le principal est que le bassiste et son légendaire miroir sont désormais remplacés par Spyder qui n’est autre que le tour manager du groupe. Le quatuor ne nous ayant que très rarement surpris par ses sorties discographiques, il reste désormais à savoir si ce changement de line-up aura un réel impact sur le nouvel opus intitulé "On The Prowl".
Rassurons immédiatement les amateurs de nos apôtres de la luxure en leur annonçant qu’ils trouveront ici tous les éléments qui font leur bonheur depuis près d’un quart de siècle. La nouvelle livraison est toujours remplie d’un glam digne des années 80 dont le groupe se revendique sans vergogne, allant jusqu’à rendre hommage à ses idoles le temps d’un ‘1987’ au sein duquel Michael Starr cite, entre autres, Poison, Whitesnake, Scorpions ou Ozzy. La principale originalité de ce titre vient du fait qu’il s’agit d’une ballade pleine de nostalgie. Au milieu des traditionnels titres ‘poétiques’ auquel Steel Panther nous a habitués, voilà qui peut légèrement étonner. Nous noterons également la critique déguisée des réseaux sociaux qui se cache derrière une autre power ballad (‘On Your Instagram’), ainsi qu’une douceur électro-acoustique à la Cinderella (‘Ain’t Dead Yet’) au sein de laquelle nos Californiens lubriques se font presque émouvants en évoquant le temps qui passe et l’âge qui avance.
Mais Steel Panther, c’est avant tout une multitude d’odes à la dépravation, et ce "On The Prowl" est encore bien doté en la matière. Parmi les plus ‘délicats’, nous citerons l’introductif ‘Never Too Late (To Get Some Pussy Tonight)’ au riff direct et au refrain accrocheur, le heavy et tout aussi imparable ‘Is My Dick Enough’ enrichi par un inattendu solo de Dweezil Zappa, et le mid-tempo très leppardien ‘Magical Vagina’. Et c’est là tout l’art de la bande de Michael Starr, qui consiste à débiter des paroles que la censure ne peut laisser passer malgré leur second degré évident, tout en insérant les refrains dans nos neurones au point que l’on finisse par se surprendre honteusement à les chanter avec un sourire nous barrant le visage. Ajoutez à cela le haut niveau technique des musiciens, avec entre autres un Satchel qui multiplie les soli dignes des meilleurs shredders, un sens aigu de la composition hyper accrocheuse et une bonne humeur plus que contagieuse, et vous obtenez un nouvel album digne de ses prédécesseurs.
Alors bien sûr, il sera de bon ton de descendre cette collection de treize titres ne se prenant pas au sérieux afin de s’attirer les bonnes grâces des détenteurs de la bien-pensance et autres intégristes en tous genres. Mais la réalité, c’est que les quatre olibrius n’ont pas leur pareil pour dégainer des hymnes qui donnent la banane et rendent les journées plus joyeuses. Sans réel bouleversement mais avec son lot de petites surprises, "On The Prowl" voit donc Steel Panther renforcer son trône sur les sommets d’un glam ne cherchant pas à cacher ses racines tout en leur apportant une irrésistible fraîcheur. Your vagina, your vagina, I’m in love with your vagina, it’s a magical vagina… Mince, je viens encore de me faire avoir ! Mais essayez vous aussi et vous verrez comme c’est bon de se sentir coupable.