Depuis le split d'Extreme en 1995, Nuno Bettencourt n'a pas chômé. Déjà cinquième album solo sous trois noms differents ( Nuno, Mourning Widows et Population 1) et aujourd'hui Dramagods. Ce qu'on peut dire c'est que Nuno ne fait pas du Extreme et son propre style n'a fait que s'affiner depuis Schizophonic. Il semble enfin avoir trouvé une assurance et une épaisseur dans sa voix ainsi qu'un line up stable.
Love débute avec Megato, un titre très roots et incandescent: batterie lourde, cymbales cristallines, riff en fusion. Comme pour chaque titre de cette galette les refrains sont magnifiques ( parfois éthérés) et les back vocals apportent vraiment quelque chose (Lock Down, Heavy, Sometimes).
Dramagods prend ses racines dans les meilleurs inspirations de MW et Population1 pour les sublimer et les ornementer avec beaucoup plus de claviers et d'orchestrations au violon qu'auparavant (les sublimes Broken et Heavy). Les morceaux Fearless Leader et Pilots sont de véritables patchworks avec orgue et bruitages interlopes.
Dramagods a su incorporer les ballades de bonnes factures et les mids-tempo avec goût (Bury You, Interface, Something about You) permettant de reposer les esprits et les organismes.
Et guitar hero oblige, Nuno chatouille sa gratte pour en sortir des solos maladroits, tremblants, envoûtants et dissonants mais d'une beauté presque divine (Pilots, Interface, Heavuy, So'k).
Le CD se termine sur un Shy léger et mélancolique avec intro au piano: un titre qu'aurait pu écrire Steven Wison pour Blackfield.
Il faudra pas mal d'écoutes pour digérer cette oeuvre dense et bourrée jusq'aux amygdales (73:49) et en ressentir toutes les subtilités (j'en découvre encore à chaque écoute). Un album généreux en somme, dans lequel tous les musiciens sont mis en avant, et pas seulement la guitare du sieur Bettencourt.
La réputation de Nuno en tant que guitariste n'est plus à faire et il a su s'arracher du carcan Extreme pour creuser son propre sillon et privilégier la mélodie sur l'aspect technique de la musique. Cela en faisant table rase de presque toutes ses pulsions funk et de ses envolées vocales à la Kurt Cobain.
Belle reconversion. Merci Nuno.