No Return est un groupe phare de la scène metal française, sorte de croisement francilien entre Machine Head, Testament et Sepultura. Depuis la fin des années 1980, No Return joue une musique puissante, tantôt brutale, tantôt mélodique. “Requiem”, sorte de constat désabusé sur la société, n'est pas exempt de bouleversements : Steve Petit, le chanteur historique est revenu, alors que Michaël Rignanese (Destinity) a laissé son poste et a fait grand bruit de ce départ, remettant en cause la gestion du groupe et une vision commerciale divergente, ce qui ne fait décidément pas les affaires du groupe... “Requiem” est annoncé comme un retour aux sources de la violence, une musique à la puissance décuplée et à la pochette rappelant “Machinery”.
Le disque oscille entre fureur brûlante ou glaciale et mélodies surnageant dans la moiteur des riffs d’acier. Ainsi, dès le très énergique ‘The Only One’, des sonorités industrielles côtoient un riff central mélodique, un rythme rapide et une voix agressive. Puis ‘Unscarred’ répand les germes d’un metal aux sonorités aseptisées baigné de riffs teigneux. Ce support mélodique est exploité à merveille, puisqu'il permet à la six-cordes solitaire de s'exprimer en toute quiétude. Le très intense ‘Nobody Cares About You’ offre un écrin mélodique doux pour des vocaux paradoxalement très âpres... Voici la force, autant que la faiblesse du disque : être en équilibre entre violence (trop ?) contenue et mélodies. Heureusement, la violence et l'énergie sont exacerbées sur le robotique ‘Killing Machine’ et ses riffs hyper incisifs baignés de belles harmonies. Le dernier titre, ‘The Black Wolfs Kingdom’, débute comme la bande originale d’une fresque cinématographique, puis très varié exacerbe les contrastes entre des arpèges sereins et des riffs plombés. Une piste telle qu’on aurait aimé en entendre plus, une sorte d'ode à la violence ultime, nappée de douces mélodies.
De tabassage sanglant qui laisse bleus, plaies et bosses, “Requiem” n'est qu'une baffe à peine appuyée. Bref, il n'est pas un Dies Irae, un jour de colère... Ce disque, plutôt bon, propose son lot de superbes chansons (‘The Black Wolfs Kingdom’), mais aussi des pistes plus attendues et déjà entendues (‘No Apologies’). Avec son expérience, No Return aurait pu publier un disque incisif, car les effets de violence sont peu nombreux (blasts, dissonances). Même si “Requiem” redresse la barre, il ne convainc pas totalement car il peine à accepter sa propre violence.