THE WHITE BUFFALO: Year Of The Dark Horse (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

"Je ne joue pas de la country-music !" C’est par ces mots que Jake Smith, alias The White Buffalo, lance la principale interview de promotion de son nouvel opus intitulé "Year Of The Dark Horse". Il est vrai que l’artiste a régulièrement été classé dans ce genre musical typiquement américain, en particulier en raison du succès des titres utilisés par les bandes originales des séries "Sons Of Anarchy", "Californication" ou "The Punisher". Pourtant, ceux qui suivent le bonhomme depuis ses débuts savent bien que, s’il œuvre dans un domaine folk-rock, il refuse obstinément de se laisser enfermer dans un style trop réducteur à ses yeux. Après le captivant "On The Widow’s Walk", il a donc une nouvelle fois décidé de brouiller les pistes et se lance dans une œuvre ambitieuse sous la forme d’un concept mêlant musique et visuel.

"Year Of The Dark Horse" traite du changement des saisons et met ce dernier en parallèle avec l’évolution d’une relation. Pour illustrer cet album, Jake Smith a fait appel à quatre cinéastes différents, chacun ayant la charge des vidéos de trois titres. Certains pourraient craindre un projet trop présomptueux mais ce serait sans tenir compte du talent d’un artiste complet et unique. Pour effacer le moindre doute en la matière, il n’y a qu’à poser une oreille (et un œil) sur ‘Love Will Never Come / Spring’s Song’ pour constater l’approche théâtrale dont The White Buffalo est capable. Dans le genre, les cris de désespoir sur le final du single ‘Not Today’, ou ‘Heart Attack’ et ses différents changements de tempo et d’ambiances sont également de bons exemples de la virtuosité d’un artiste aussi insaisissable qu’indépendant.

Captivant et varié, "Year Of The Dark Horse" se révèle vite à la hauteur de ses ambitions et enchaîne les titres sans temps mort. Chaque pièce est d’une grande expressivité, souvent mélancolique mais ne tombant jamais dans le mielleux. ‘She Don’t Know That I Lie’, valse triste avec son vieil orgue de barbarie, ou ‘52 Card Pickup’ et son final psychédélique prouvent qu’une ballade n’est pas obligée d’être lénifiante et peut également se prêter à une interprétation habitée, alors que ‘Love Song #3’ ou ‘Am I Still A Child’ représentent la face la plus émouvante du style. Seul petit bémol, l’ambiance globalement apaisée ne se voit que rarement secouée par des titres plus nerveux tels que ‘Heart Attack’ ou un ‘Donna’ aux paroles acerbes et doté d’un piano bastringue lui conférant quelques effluves de bon vieux charleston.

"Year Of The Dark Horse" n’en reste pas moins un voyage dépaysant dans lequel The White Buffalo n’hésite pas à sortir des sentiers battus et à s’éloigner de sa zone de confort, si tant est qu’il en ait réellement une. Bien sûr, la belle voix grave de Jake Smith n’est pas le seul marqueur de la forte identité de son travail artistique et il reste relativement aisé de le reconnaître à l’écoute de ce nouvel opus. Pour autant, il offre ici un tableau aux multiples couleurs et facettes qui garde une grande cohérence globale et maintient l’attention en éveil du début à la fin.

THE WHITE BUFFALO

YEAR OF THE DARK HORSE

SPINEFARM RECORDS

ROCK