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"Avec "Anno 1696", Insomnium semble avoir atteint les sommets de son art et marque définitivement de son empreinte le paysage d’un metal en équilibre entre profondes douleurs et fragiles espoirs."
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S’il fut longtemps comparé à Swallow The Sun, Insomnium a clairement pris ses distances avec ses compatriotes de Juväskylä, en particulier avec "Winter’s Gate". En effet, depuis cet opus constitué d’un seul titre de 40 minutes et marquant une identité affirmée, la formation de Niilo Sevänen nous a également gâtés avec son EP "Argent Moon" faisant la part belle à une douce mélancolie. Pour la suite de ses aventures discographiques, le quintet a décidé de continuer à creuser le sillon des concept-albums en basant son nouvel opus sur une nouvelle écrite par son leader et traitant de la terrible année 1696 en Finlande et en Suède dont la patrie d’Insomnium n’était à l’époque qu’une région qui n'avait pas encore obtenu son indépendance. Cette funeste période avait vu 30 % de la population finlandaise décéder en raison d’une épouvantable famine pour laquelle des cas de cannibalisme ont été rapportés. A cela était venue se rajouter une chasse aux sorcières avec en particulier, la décapitation de 70 femmes dans la petite paroisse suédoise de Torsaker.
Voilà de quoi nourrir la sombre inspiration de Sevänen et de ses comparses qui nous livrent ici un album intitulé "Anno 1696" et qui risque de faire date dans le milieu du death metal dit mélodique. En effet, les Finlandais semblent avoir concentré ici toutes les qualités de leur art pour offrir un ensemble de huit pièces taillées dans un minerai sombre et luisant à la fois. Car s’il est un point qui caractérise Insomnium, c’est bien cette capacité à faire briller une mélodie accrocheuse au milieu de torrents de rage et de douleur. Les interventions des guitares se révèlent régulièrement comme des éclairs déchirant les ténèbres alors que de blafardes lignes de claviers laissent filtrer une pâle lueur d’espoir. A cela s’ajoute une formidable capacité à captiver l’auditeur autant qu’il l’angoisse en usant de structures flirtant avec le progressif en variant les thèmes et les intensités. Le monumental ‘Godforsaken’ voit ainsi la voix cristalline de Johanna Kurkela (Auri, Tuomas Holopainen) contraster avec la violence de la musique et la rage des growls au sein d’un titre alternant les saillies coléreuses et les pauses d’un désespoir presque apaisant.
Si globalement, les grognements de Niilo Sevänen ont pris le pouvoir sur les chants clairs, ces derniers n’en ont que plus de poids lorsqu’ils viennent compléter les hurlements du leader de la formation finlandaise. La cavalcade de ‘The Witch Hunter’ voit ainsi sa course effrénée enrichie par le sentiment prégnant que les interprètes sont bien en train de nous conter l’histoire de cette chasse, offrant un miroir entre la peur des fuyardes et la détermination sanguinaire des chasseurs. Chaque titre ayant son importance dans le déroulé de cette terrifiante épopée, il est difficile d’en détacher certains par rapport à d’autres. Nous citerons néanmoins le funeste et glacial calvaire parcouru le long d’un ténébreux ‘White Christ’ renforcé par les vocaux de Sakis Tolis (Rotting Christ). Il sera également impossible d’échapper à l’épique et envoûtant ‘Starless Paths’ ou à l’orchestral et majestueux ‘The Rapids’ sombrant dans des tourbillons de colère et de désespoir. Mais il est primordial de garder à l’esprit que chaque pièce de ce noir joyau saura captiver et emmener vers des paysages aussi bien torturés qu’hypnotiques.
Avec "Anno 1696", Insomnium semble atteindre le sommet de son art et marquer définitivement de son empreinte le paysage d’un metal en équilibre entre profondes douleurs et fragiles espoirs. Le quintet finlandais impose ici sa marque de fabrique et confirme son ambition de ne pas rester enfermé au sein de contrées trop exiguës pour son talent protéiforme. Nous ne saurons donc que trop vous conseiller de vous plonger dans cet opus tout en vous mettant en garde contre les séquelles qu’il laissera au fond de votre âme après vous avoir transporté au travers de paysages tourmentés ne laissant que peu de place à de minces rayons d’une frêle espérance.
Plus d'information sur
http://www.insomnium.net/
LISTE DES PISTES:
01. 1696 - 6:19 02. White Christ (feat. Sakis Tolis) - 6:03 03. Godforsaken (feat. Johanna Kurkela) - 8:35 04. Lilian - 4:29 05. Starless Paths - 7:48 06. The Witch Hunter - 5:43 07. The Unrest - 3:52 08. The Rapids - 7:38
FORMATION:
Jani Liimatainen: Chant / Guitares Markus Hirvonen: Batterie Markus Vanhala: Chant Niilo Sevänen: Chant / Basse Ville Friman : Chant / Guitares Johanna Kurkela: Chant / Invité Sakis Tolis: Chant / Invité
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