Peu de temps après la sortie du dernier album des Spock’s Beard, son guitariste principal Alan Morse succombe à la tentation de l’album solo instrumental !!
Alors que SB perdait Neal Morse (le frangin d’Alan), son principal compositeur et leader charismatique, Alan prenait part de manière plus conséquente dans la composition en son sein - comme la majorité des autres musiciens du groupe. Se sentant pousser des ailes, le discret Alan s’est logiquement adonné à l’onanisme guitaristique et nous propose donc cet album au nom mystérieux.
Si la totalité des membres de SB, Neal Morse inclus, viennent jouer sur cet album, ne cherchez pas du SB dans ce 4o’C&H… En effet, nous avons plutôt à faire à un album protéiforme ou, pour me risquer au néologisme, protéistyle. Les influences sont multiples avec un balayage du spectre de plusieurs grands noms de la guitare dont il semble s’inspirer. Et il y deux façons de rendre hommage. La première est de singer le son et la technique du guitariste en question comme a pu le faire Steve Morse avec Major Impacts. La deuxième, choisie ici par Alan Morse, est de poser sa technique et son propre jeu sur des réminiscences musicales.
Petit tour d’horizon des titres de ce 4o’C&H pour le moins éclectiques.
Les titres jazz-rock Dixie Dregsien bien groovy avec les apports de violon électrique de Jerry Goodman (le violoniste bien connu des jazzeux car officiant chez Mahavishnu Orchestra) sur les titres "Return to Whatever" (jeu de mot avec Return to Forever ?) et "Drive in shuffle" ou à la mode Gambale ("Chroma") sont plutôt bien exécutés. Le blues tout en feeling du titre "R bluz" (quand Jimi Hendrix rencontre Gary Moore) nous conforte dans l’idée que chaque guitariste se doit de revenir à la source. Les ballades, parfois apathiques, souvent mélodieuses ( "First Funk", "Spanish Steppes", "Track 3") sont un passage obligés pour chaque musicien qui s’aventure en solo. Mais Alan sait se faire plus rock, même hard rock. "The Rite of Left" avec ses parties de tapping néoclassique aurait pu être écrit par un Joe Satriani sous "Lexomil. Enfin, on retrouve l’influence tout en touché d’un certain Jeff Beck lorsque Alan fait preuve d’une certaine agilité dans la maîtrise des effets de vibrato comme le prouve le rythmé "Dschungel Cruz".
Pas de démonstrations outrancières et de descentes de manche supersoniques mais un feeling et une modestie assez plaisants chez ce musicien.
Etant un aficionado de Steve Morse et de tous ces grands noms de la guitare, la parenté entre 4o’C&H et ces musiques, qui m’ont passionnées ou me passionnent encore, a pu me réjouir à la première écoute. Mais cette généreuse mixité a pour effet un certain manque de cohérence. Paradoxalement, la variété des styles proposées a la vertu de ne pas ennuyer l’auditeur, malgré certaines délayages dans les titres les plus longs.
Ceux qui pouvaient espérer du rock progressif instrumental grandiloquent (dont votre serviteur) pourront être rudement déçus. Ceux qui se laissent porter par ces compositions modestes seront peut-être comblés.