FRIENDS OF HELL: Friends Of Hell (DOOM) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Albert Witchfinder (Sami Hynninen pour l'état civil) est le genre de musicien qui ne peut se contenter d'un seul projet. De fait, on ne compte plus le nombre de groupes qu'il a fondés (Opium Warlords) ou rejoints (Spiritus Mortis), souvent éphémères (The Puritan) ou avares de leurs progénitures (Azrael Rising). Friends Of Hell est l'un des derniers en date. Combien de temps durera-t-il ? Nul ne le sait évidemment, mais la question mérite d'être posée car, réunion entre potes (comme son nom le suggère), celui-ci a tout d'une récréation temporaire. On souhaite en tout cas que ce montage international ne s'arrêtera pas à ce premier jet éponyme.

Friends Of Hell est donc le terrain de jeu de quatre lascars que cimente une solide amitié. Autour de l'ancien Reverend Bizarre se greffent ainsi son compatriote et ex Sentenced Taneli Jarva à la basse, le Grec Jondix à la guitare et le chypriote Tasos Danazoglou derrière les fûts, véritable mercenaire ayant promené ses tatouages impressionnants aussi bien chez Electric Wizard que Satan's Wrath ou Great Coven. Le fruit de leurs ébats telluriques est rapidement gravé et publié chez l'inévitable Rise Above Records, temple culte qui depuis plus de trente ans par l'entremise de son fondateur Lee Dorrian (Cathedral) honore la déesse doom et stoner.

Or de doom il est bien sûr question dans ce conclave doloriste mais pas n'importe lequel, celui qui n'oublie pas ses racines heavy metal (le nom du groupe n'est pas tiré d'un album de Witchfinder General pour rien), celui qui, dégraissé de tout artifice, ne jure que par le riff puissamment granitique et un chant empreint d'une triste solennité. Obole simple et sans afféterie, rapide quand il le faut mais le plus souvent prisonnière d'une gangue croûteuse, ce galop d'essai se montre ainsi pour le moins généreux en plomb ('Out With The Wolves'), coulé dans des psaumes d'une pureté d'airain, remué par une rythmique connectée aux entrailles de la terre.

Quant aux lignes vocales, connaissant la force aussi émotionnelle que sentencieuse du père Albert, elles charrient cette douleur inexorable, ce désespoir bouleversant ('Orion's Beast') que réclame le genre dans sa définition la plus authentique. Quel plaisir de retrouver le Finlandais, vers lequel les oreilles sont forcément tendues, sur le terrain du pur doom metal ! Quelle jouissance d'entendre à nouveau cette voix d'une expressivité mélancolique tremper dans ce registre que le chanteur a déserté depuis quasiment "The Year Is One" (2016) de Spiritus Mortis. Son organe seul suffit à réveiller les fantômes du passé, ceux de son ancien et mythologique port d'attache évidemment, mais aussi ceux des Pentagram, Saint Vitus et autre Trouble auxquels Friends Of Hell rend hommage en se faisant plaisir et avec ce supplément d'âme et de sincérité qui le distingue d'emblée du tout venant.

Cette association de musiciens chevronnés n'invente certes rien mais les albums de doom traditionnel se font désormais suffisamment rares pour que cette hostie soit savourée comme il se doit. Tout y est, les compos, le jeu, la classe, l'authenticité... Il ne reste plus qu'à espérer voir le groupe durer dans le temps, ce qui n'est pas garanti...

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