Si le rock ou le metal et l'électro ont longtemps fait chambres à part, il y a eu depuis quelques années des rapprochements. Cela a commencé par l'incorporation, il y a un bail, dans le hard rock des synthétiseurs et des claviers dans le metal surtout dit progressif. Cela a permis de franchir le pas pour faire tomber ce mur de Berlin afin de fusionner deux genres que l'on a trop longtemps eu tendance à opposer. Ce mariage a apporté une touche contemporaine pour ne pas dire moderne au metal (Vola s'est inscrit dans ce sillon mais bien d'autres encore comme Carpenter Brut avec un côté plus indus).
En France, Working Klass Heroes n'a pas d'états d'âmes à fusionner les styles avec son bien nommé "No Excuses, No Remorses". Le groupe va jusqu'au bout du concept avec une imagerie très 80's créant ainsi peut-être un sous genre : la synth metalcore ? Le dance floor de la mort s'ouvre sur 'Left For Dead Too' qui alterne couplet au chant hurlé et éraillé et refrain à la ligne vocale plus claire. Cela va à 100 à l'heure ! Les compositions vont quasiment toutes se calquer sur cette structure avec plus ou moins d'accentuation d'un côté ou de l'autre ('Collapse' penche par exemple vers un côté volcanique et éruptif).
Si le style, vu sur le papier comme un mélange entre David Guetta et Pantera, pourrait prêter à sourire, Working Klass Heroes gagne sa légitimité en assumant ce mélange et en ne tombant pas dans la caricature. Le chant est très bien maitrisé, passant du hurlé au clair avec brio. Les musiciens assurent tous derrière, entre riffs survoltés et rythmique hypnotique ('The End Is Night'). Ce sérieux apparaît lorsque l'on sort d'une écoute globale car on sent que l'aspect électro est là pour servir le projet et qu'il n'est pas simplement là pour se donner un style. Il apporte du contraste sans pour autant en faire de trop comme dans le morceau 'The Queen of The Dancefloor'. Le groupe va également un peu plus loin en proposant du hip hop dans le sympathique 'Working Klass Ego' qui clôt l'album.
Entre organique et numérique, entre revendication et fun, entre metal et dance, Working Klass Heroes aurait pu se perdre et pourtant arrive à trouver un certain équilibre d'ensemble. S'il apparaît un peu trop généreux, "No Excuses, No Remorses" reste néanmoins une belle réussite.