Laura Crutch est une aventurière. La jeune femme originaire de Lyon, enivrée de musiques, a multiplié les apparitions et les projets en tous genres et en tous styles : new wave néo-romantique des années 80 avec Jeune Cadre Romantique ou encore électro avec le duo Norron. Cette fois-ci, la musicienne, sous le nom de Slave To Sin, traverse en solitaire le miroir pour nous faire entrer dans le monde industriel de "Dead Inside". L'album s'articule autour d'un concept prenant Eros et Thanatos comme témoins de réflexions philosophiques mais aussi religieuses, appliquées à un quotidien assez morbide.
Telle une Trent Reznor, la jeune femme a composé et interprété toutes les chansons de A à Z. C'est également elle qui a conçu la pochette assez angoissante qui semble révéler à l'auditeur son devenir lors de l'écoute de cet album : un voyage dans une caverne en forme de crâne (ou métaphoriquement dans la psyché humaine). L'opus fait la part belle à des sonorités industrielles qui évoquent Nine Inch Nails, Front 242 ou encore Einsturzende Neubauten. Autant le dire tout de suite, son écoute n'est pas de tout repos. L'aspect rock industriel assez agressif est certes temporisé par l'apport des claviers un peu plus lumineux, mais il ne prête pas à sourire et dévoile les intentions de Slave To Sin d'entrée de jeu.
Celle-ci rebat souvent les cartes comme sur 'Disappear' dont la menace qui plane est quelque peu adoucie par des sonorités orientales. 'Cold As Hell' pourrait servir de bande-son d'un film d'horreur italien à la manière de Goblin, tandis que 'Storm In My Heart' propose une ballade vénéneuse. Sommet de l'album, 'Masquerade' laisse la place à une ambiance asphyxiante portée par les riffs acérés de guitare, un gimmick de clavier tournoyant et une voix voilée, seul le piano apportant un peu de lumière. A en juger certains titres ('Cold As Hell', 'Love The Wrong Way'), les contraires peuvent coexister en toute harmonie !
Néanmoins, certains morceaux s'avèrent un peu sages là où les premiers morceaux multipliaient les surprises ('My Doomsday Lover' malgré ses qualités ressemble à un pastiche du genre, 'Slave To God' est redondant). Le chant est assez surprenant, certes agressif mais possède suffisamment de clarté et de douceur pour servir de fanal dans les ténèbres. Nous pouvons également sentir planer le spectre d'une Mona Soyoc (KaS Produkt), avec quelques effets de théâtralité bien sentis.
L'éclectisme de Laura Crutch est évident et les amateurs d'électro, de rock et d'indus y trouveront leur plaisir. Malgré quelques redondances, "Dead Inside" est un album-concept recommandé à tous les amoureux de musiques aventureuses et ambitieuses. Laura Crutch est une musicienne à suivre.