Depuis plus de vingt ans, les Américains de Cattle Decapitation mènent un combat intense contre la maltraitance animale en fustigeant l’espèce humaine. Au fur et à mesure, le style de la formation a largement évolué, passant d’un gore grind pas évident à appréhender à un death grind élaboré donnant de la force à son discours. La nouvelle étape se nomme "Terrasite" et pousse encore plus loin la misanthropie du groupe, la pochette représentant un humain mutant effrayant et dangereux. Décrire ce qui attend l’auditeur est assez aisé. Il faut s’imaginer en mer dans un vieux rafiot de pêche essayant de survivre aux tempêtes.
Hormis pour un titre, il serait vain de faire ressortir telle ou telle chanson. Le schéma ne change pas entre ‘Terrasi Adaptation’ et ‘Solastagia’. Le ton oscille entre brutal death et grind avec un Travis Ryan bluffant, aussi à l’aise en chant caverneux qu’en growl bien barge. Le rythme est d’une rare intensité et laisse peu le temps de souffler, Dave McGraw semblant presque inhumain derrière ses fûts. Cet océan de violence reste majestueux par son intensité toute en maîtrise. Au milieu des tempêtes il y a des breaks, des passages planants, aériens même, avec juste le growl menaçant au milieu du calme.
Avec ses dix minutes, ‘Just Another Body’ est un monstre d’intelligence sortant du lot. En forme de montagnes russes, il alterne tendre mélodie au clavier, folie death furieuse, passage planant et s’achève calmement avec du chant clair et une belle partie instrumentale pleine de finesse et d’une grande classe. Ce titre plus progressif confirme la haute qualité technique de musiciens ne se contentant pas de faire juste du bruit.
L’écoute de "Terrasite" n’est pas conseillée aux oreilles chastes, Cattle Decapitation restant un monstre de violence death metal. Mais il n’est pas que cela, il est aussi capable de se faire accrocheur, confirmant son statut bien à part au sein de la scène extrême.