Après le succès tant artistique que commercial de ses deux premières productions, le collectif Skald porté par le producteur multi-instrumentiste Christophe Voisin-Boisvinet nous revient avec un troisième album qui nous emmène à la découverte du peuple Huldufolk (peuple caché) à travers ses personnages mythiques et ses légendes.
Pour cette nouvelle livraison, Christophe Voisin-Boisvinet a entièrement renouvelé son équipe, s'entourant notamment de pas moins de huit chanteurs et chanteuses différents. Côté masculin, l'évocation du grand Nord se fait toujours au travers de voix graves et puissantes, où la mélodie est plus scandée voire hurlée que chantée, portée par des chœurs puissants. En contrepoint, les voix féminines apportent une touche délicate tout en contraste qui vient sublimer l'ensemble, décrivant ainsi un espace sonore aux multiples couleurs. Les percussions tiennent une nouvelle fois une place prépondérante, rythmant la plupart des compositions de façon tribale tout en y apportant de belles subtilités, évitant le plan-plan d'un accompagnement simplement binaire.
Les sonorités caractéristiques chères à Skald sont bien entendu présentes par l'utilisation massive des instruments traditionnels de la région, talharpa, nyckelharpa et moraharpa délivrant ces ambiances de cordes frottées et pincées si particulières et tellement envoûtantes qu'un groupe comme Octantrion a su si bien mettre en valeur. Et, pour varier quelque peu les ambiances, le groupe introduit également des sonorités plus inattendues, avec la mise en œuvre d'un didgeridoo aux graves puissants ('Elverhøy'), et même une cornemuse se mêlant aux notes délicates issues d'un hurdy gurdy (sorte de vièle à roue).
Difficile de faire ressortir un titre plutôt qu'un autre, l'ensemble se dégustant comme un tout très homogène, univers fantasmagorique fortement évocateur de l'ambiance collant au concept de l'album. Et même si quelquefois une certaine monotonie peut être relevée dans les tonalités, les dix plages s'enchaînent avec bonheur.
Et pour compléter le tableau, Skald nous propose en conclusion deux reprises, toujours dans le style qui lui est cher. Si 'Du Hast' de Rammstein ne surprend guère compte tenu de la lourdeur de la version originale ici parfaitement conservée par la grâce de quelques hurlements sauvages malgré l'instrumentation minimale, celle de 'A Forest' de Cure apparaît comme beaucoup plus décalée et peu reconnaissable une fois passée le premier arpège bien connu.
Dans la veine de ses prédécesseurs, et même s'il ne surprendra guère les amateurs déjà conquis de Skald, "Huldufolk" se révèle cohérent de bout en bout et se présente incontestablement comme l'album de la maturité. Reste à voir ce que le collectif nous réservera pour la suite de ses aventures afin de ne pas tomber trop rapidement dans la redite.