Sleeping Romance est un groupe transalpin qui trace sa route dans un genre qui a tendance à cliver : le metal mélodique que l'on dit "à chanteuse". Un style qui trouve autant d'adorateurs que de détracteurs. Là où certains ressentent notamment une atmosphère épique portée par la voix féminine mise en avant dans ces productions, d'autres reprochent au style de tourner le plus souvent en rond. Fort de deux albums à tendance plutôt symphonique et classique, le groupe a connu un changement de line-up après le départ de sa chanteuse. Exit Federica Lanna et bonjour à Lina Victoria (Abhcan), ce qui va changer la donne pour ce troisième album "We All Are Shadows".
Cette nouvelle production rebat les cartes à l'issue d'une pandémie qui aura peut-être pesé lourd dans l'orientation prise. Loin de se reposer sur ses acquis, le groupe a profité de ces évènements pour évoluer. Si le metal mélodique reste la base, il se fait ici plus gothique et plus sombre, moins épique et plus anxiogène à l'image de la pochette. Le début de l'album met dans l'ambiance avec une intro futuriste sous forme de sermon moderne où le titre est répété à l'envi. 'Smoke and Mirrors' donne, par la suite, le ton de ce virage. Les riffs sont plus agressifs et les sons des claviers se font plus discrets jusqu'à cette cassure en milieu de titre, presque arabisante.
Sleeping Romance sort donc des clichés dans lesquels on aurait eu tendance à les enfermer à tort ou à raison. L'album est à la fois puissant et mélodieux comme dans 'Call My Name' qui alterne couplets posés et refrain imparable. La voix de Lina moins lyrique que Federica colle assez bien à cette orientation plus alternative et directe. Le groupe arrive à créer des climats plus lourds grâce à une rythmique efficace ('Ghost Shadows') tout en apportant une touche de contrastes y compris dans un même titre sans pour autant qu'on le qualifie de progressif. Malgré ce changement dans l'écriture, les touches épiques n'ont pas totalement disparu. Elles sont plus contenues, conservant un aspect dramatique à la narration des chansons ('My Own Foe').
Voilà donc une belle surprise que cette nouvelle livraison de Sleeping Romance qui met de côté l'aspect symphonique pour opérer un virage à 180 degrés en se dirigeant vers un metal plus alternatif et moderne sans pour autant copier des groupes comme Amaranthe et son aspect dance floor et dualité forcée. L'album pourra surprendre les fans de la première heure et plaire à de nouveaux, amateurs de metal à la Evanescence, tout en gardant sa personnalité sans pour autant qu'on lui colle l'étiquette groupe "à chanteuse".