LAURA COX: Head Above Water (ROCK,Blues) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Avec "Burning Bright", Laura Cox avait fait plus que confirmer les espoirs nés de son premier album. Elle semblait avoir trouvé son identité en plongeant goulument ses racines dans un terreau classic rock du plus bel effet, aidée en cela par le son que lui avait concocté Howie Weinberg. De plus, la complicité partagée avec les trois membres formant son groupe faisait plaisir à voir et offrait un groove imparable. Malheureusement, la crise Covid est passée par là et Laura a dû faire comme tous les membres de la communauté artistique en essayant de garder la tête hors de l’eau. D’où le titre de son nouvel opus ("Head Over Water") qui paraît en ce début d’année 2023 et qui voit Ted Jensen (The Police, Eric Clapton, Pantera, Muse, Norah Jones, Coldplay…) remplacer Howie Weinberg au mastering. Bien sûr, le CV du bonhomme parle pour lui, mais une inquiétude pointe néanmoins quant au son qu’il va offrir à la Franco-britannique tant celui de "Burning Bright" avait participé à sa qualité.

La réponse à ce questionnement est immédiate dès le titre éponyme qui ouvre les hostilités avec un riff rock très stonien, un refrain accrocheur et un break aérien précédant un solo rutilant. Au revoir le côté granuleux du précédent opus et bienvenue à une production lisse et sans faille. Lié à ce changement de son, les compositions se font moins classic-hard-rock et plus rock US. La qualité est toujours présente et l’on retrouve un groove addictif sur des pièces telles que les singles ‘So Long’ et ‘Wiser’ d’une efficacité imparable. L’énergie de la tornade ‘One Big Mess’ ou du bon gros boogie ‘Swing It Out’ emporte également tout sur son passage et aucun morceau ne peut être considéré comme faible. A noter également ‘Fever’, petit frère de ‘As I Am’ sur l’album précédent, démarrant sur un boogie mid-tempo aux accents AC/DCien et balançant une accélération redoutable sur sa seconde partie.

Pourtant, il manque quelque chose à ce "Head Over Water", et cela va au-delà de l’absence de la chaleur que procurait le son de son aîné de 2019. Il y a tout d’abord cette sensation que Laura Cox tente de se calquer sur certains éléments qui avaient fait son succès trois ans auparavant. Nous avons cité ‘Fever’ qui reprend néanmoins avec efficacité de nombreux points d’un titre déjà présent sur "Burning Bright", mais nous aurions pu également nous référer à ‘Old Soul’, ballade émouvante et mélancolique mais rappelant immédiatement ‘Just Another Game’ en allant jusqu’à être placée au même endroit dans la tracklist. Idem pour le blafard et éthéré ‘Glassy Day’ qui clôture l’ensemble avec quelques éclairs de steel guitar. Il est impossible d’apporter la moindre critique à ces morceaux qui se révèlent touchants à chaque fois, mais la sensation que le quatuor n’a pas voulu prendre de risque pour son troisième opus est particulièrement prégnante. Et ce n’est pas l’utilisation récurrente du banjo sur de nombreux titres qui empêchera ce sentiment de se diffuser.

Avec "Head Over Water", Laura Cox semble vouloir capitaliser sur la plupart des éléments qui ont fait le succès de "Burning Bright". Elle le fait avec classe mais il manque à cet album la chaleur et l’authenticité qui donnaient tout son charme à son prédécesseur. De plus, il semblerait que Laura ait récemment renvoyé son compère guitariste Mathieu Albiac. Après le remplacement du bassiste François Delacoudre par Adrien Kah, voilà qui expliquerait l’absence des musiciens du groupe sur les différentes vidéos illustrant les premiers singles de cet opus. Il reste donc à savoir ce qui va advenir de la suite de la carrière d’une artiste dont le talent est évident mais qui risque de perdre de son éclat s’il se retrouve enfermé dans une démarche trop domestiquée.

LAURA COX

HEAD ABOVE WATER

VERYCORDS

ROCK