Déjà huit albums pour Metric, groupe emmené par sa chanteuse Emily Haines, que certains ont pu découvrir avec le single 'Combat Baby' sur Rock Band 3 ou bien via sa participation aux bandes sonores de "Twilight 3" et "Scott Pilgrim". Continuant sur sa lancée dans un style bien personnel entre synth pop, new wave et rock alternatif, Metric nous propose en cette fin d'année 2022 un "Formentera" qui s'attarde sur les turpitudes de la vie suite à la récente pandémie, sujet particulièrement à la mode en cette période dans le milieu musical.
"Formentera" a la très grande originalité de débuter par 'Doomscroller', un titre improbable et hypnotique à la limite du psychédélisme de plus de 10 minutes qui fait passer par toutes les émotions, de l'inquiétude à la rage, pour finir sur une note positive grâce à quelques notes de piano cristallines et un final optimiste. Le chant d'Emily Haines est toujours un grand vecteur d'émotions, se faisant tour à tour grave, lumineuse et sensuelle tout en se gardant bien de faire sa Diva. Et cela vaut au moins pour le premier tiers de l'album qui joue sur les contrastes, opposant des couplets sombres et dépouillés à des refrains incandescents ('All Comes Crashing') ou à un pont salvateur ('What Feels Like Eternity').
Le reste de l'album nous propose des titres ayant moins d'impact mais possédant quasiment tous un petit quelque chose qui amène un regain d'intérêt, qu'il soit fugace via une harmonie d'instruments à cordes (synthétiques évidemment) ou conséquent comme les lignes de chant de 'Paths In The Sky' ou la fin bien dynamique de 'I Will Never Settle'. Malgré un contenu très synthétique, l'ensemble se fait plutôt organique grâce à une excellente production et un choix et une qualité des sons aux claviers particulièrement opportuns.
Bien plus varié que ses prédécesseurs, "Formentera" fait partie de ces albums qui peuvent facilement passer inaperçus tant le contenu respire la fausse simplicité et la modernité. Pourtant, loin des contenus mainstream dont nous abreuvent les radios, Metric pousse bien plus loin sa recherche sonore et stylistique. Finalement, débuter l'album par un titre tel que 'Doomscroller' qui marque les esprits n'était peut-être pas une si mauvaise idée...