Que voilà un album étrange et intéressant ! Les informations concernant cet OMNI (Objet Musical Non Identifié) québécquois étant plus qu'éparses, je vais entrer dans le vif du sujet.
Voici donc un disque particulièrement dédié aux fréquences graves, une sorte d'ode à la basse électrique. Ne croyez cependant pas que nous avons affaire ici à une album démonstratif où l'on «slappe tape et poppe» à tout bout de champs dans l'espoir d'épater la galerie.
Que nenni! Ce qui est mis en avant ici se sont surtout des ambiances sonores travaillées, un peu sombres, parfois froides, mais jamais lassantes... ou presque.
On voyage entre un jazz-rock mid-tempo, un poil de funk (Funky D) et des ambiances new-age -voire Emersoniennes- ceci grâce à la présence de claviers discrets mais indispensables au canevas harmonique et atmosphérique. (Cut And Pace)
La batterie et les percus ne sont pas en reste tant elles sont en cohérence avec la basse: bref ça groove gentiment. Presque trop d'ailleurs.
Et c'est là qu'on en vient aux choses qui fâchent... un peu.
En effet, cet album souffre de quelques défauts qui -s'ils ne sont pas rédhibitoires- nuisent à la diversité et à la compacité de l'ensemble.
Je regrette d'abord une certaine mollesse quant aux tempos abordés: lents ou médiums, ce qui, on en conviendra, peut être gênant dans un album qui accorde beaucoup de place au bon gros groove qui tache.
Ce qui m'amène au deuxième point qui me chiffonne: Aucune mélodie ne se détache du lot.
Je comprends bien que le parti-pris des musiciens était de mettre en avant des ambiances, mais cela se fait au détriment d'une certaine énergie et de la richesse mélodique.
De plus l'album semble étirer sur 15 plages ce qui aurait pu tenir en 10. Un certaine impression de délayage finit par se fait sentir: difficile, dès lors, de faire se détacher un morceau de l'ensemble.
Dernier point de friction: le mixage.
Si le son est plus que correct (c'est une autoprod), le mixage aurait gagné à être plus homogène.
A vouloir mettre la basse très (trop) en avant, on en oublie presque que la batterie et les claviers ont leur mot à dire. Là, ils sont vraiment à l'étroit tant la basse bouffe le panorama sonore.
Au final, cet album est très plaisant à écouter. Loin des démonstrations de dextérité vaines, il est ici question de jouer sur des ambiances un peu mystérieuse, des atmosphères quasi oniriques (Les Géniseurs) avec quelques incursions dans les musiques sud-américaines (Vingt de Cèdres).
Le groupe gagnerait toutefois à se focaliser d'avantage sur les mélodies afin d'équilibrer l'ensemble de leurs compositions, qui reste de très bonne qualité.
Un album à situer (toutes proportions gardées) quelque part entre ELP, Niacin, Weather Report et certains délires sonores et musicaux de Frank Zappa.
On a vu pire en matière de références.