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"Haken nous offre avec "Fauna" une nouvelle chevauchée épique, passant métaphoriquement au vitriol le monde des humains à travers les animaux. Les Fables de la Fontaine sauce metal prog..?"
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4/5
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“Le plus grand risque est de n’en prendre aucun”. Si cette sage citation a souvent été empruntée, c’est semble-t-il également la devise des Londoniens de Haken, ces derniers n’hésitant pas à chaque nouvelle production à se remettre en question, quitte à bousculer leur auditoire.
Vous l’aurez compris, cet album sort de l’ordinaire, notamment en raison de son fil conducteur original : le règne animal. L’approche du projet peut surprendre mais on reste toutefois résolument dans le registre que Haken maîtrise : le math rock, ou le brit prog, si on veut vraiment leur coller une étiquette. On reconnaît en effet le son caractéristique des Anglais dès les premières notes.
Non seulement tout est impeccablement en place musicalement, mais Ross Jennings montre, une fois n’est pas coutume, à quel point il s’impose comme l’un des meilleurs chanteurs de la scène progressive contemporaine, emmenant chaque morceau sur des sphères plus élevées les unes que les autres, et il ne s’agit là pas que de sa tessiture, mais aussi de l’émotion qu’il arrive à susciter sur ses refrains. Sur "Fauna", on respire, on retient son souffle, on hoche la tête, on fronce les sourcils, parfois tout ça dans le même morceau… et Jennings y est souvent pour quelque chose.
La section rythmique Green/Hearne n’est pas en reste, car sans un arsenal basse/batterie réglé au millimètre, la recette prog ne prendrait pas. Quant au duo de guitaristes Henshall/Griffiths, il fonctionne si bien depuis le début de l’aventure Haken qu’on ne pouvait imaginer qu’il en soit différemment cette fois-ci. On peut toutefois regretter les trop faibles occurrences de l’étendue de leur talent, les soli étant livrés avec parcimonie.
Autre nouveauté, on saluera le retour du claviériste Peter Jones, parti du groupe il y a… 14 ans. Le premier album de Haken "Aquarius" étant sorti en 2010, il a donc quitté un groupe encore totalement inconnu pour le rejoindre à son firmament. A sa décharge, il apporte un vrai plus à l’ensemble. A croire même qu’il n’a jamais quitté le groupe.
Des références aux animaux, on avait déjà vu ça avant chez Steve Vai (‘Pig’, ‘Bad Horsie’, ‘The Animal’, ‘Taurus Bulba’, sans compter ses fréquentes imitations à la guitare du chat, du cheval, du cochon ou de l’éléphant), ou de manière plus anecdotique chez les Beatles, Lynyrd Skynyrd ou les Rolling Stones, mais pour un album entier dédié au règne animal, il faut remonter au 19e siècle, au "Carnaval des Animaux" de Camille Saint-Saens, mais on sort des sentiers habituellement battus par Music Waves. Cet album concept a cela de ludique que l’on peut s’amuser à retrouver les références (parfois subtiles) aux animaux présents dans l’arche de Noé de Haken, même si l’artwork magnifique de la pochette trahit l’identité de l’équipage. Le rossignol se manifeste assez vite dans ‘Nightingale’, mais l’oreille humaine n’a malheureusement pas la bande de fréquence nécessaire pour reconnaître le cri du serpent ou celui de l’araignée. Il va donc falloir parfois faire preuve d’attention. Jouer le jeu rend d’ailleurs l’expérience autrement plus intéressante qu’enchaîner les morceaux les uns après les autres.
N’allez pas voir un hommage à Brigitte Bardot, car comme dans "Les Fables de La Fontaine", c’est plutôt la connexion entre le règne animal et le monde des humains qui est proposée ici, à l’instar de la migration forcée du gnou dans le morceau introductif (‘Taurus’) rappelant la vie de millions d’Ukrainiens en plein conflit avec la Russie. La disparition du dernier rhinocéros blanc en captivité (‘Eyes of Ebony’) est un hommage poignant au père du guitariste Richard Henshall, récemment disparu. Quant à l’excellent ‘Lovebite’, il met en scène une veuve noire dévorant son mâle après l’accouplement. Chacun y verra le sens qu’il veut. Pas de misogynie puisque le morceau qui vient juste après (‘Elephants Never Forget’) taille élégamment un costard aux hommes pas très gentlemen. Pour l’inspiration, le chanteur Ross Jenning avoue volontiers avoir relu son auteur préféré Philip K. Dick, et notamment « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques », qui a inspiré le film Blade Runner.
Finalement, "Fauna" est un pari réussi, car si choisir le thème du règne animal comme toile de fond était un exercice complexe, Haken le traite avec la classe qu’on espérait pour un groupe devenu incontestablement influent dans le monde du metal progressif. Reste maintenant à savoir si des lions sauteront dans des cerceaux en feu à moins qu’un lapin sorte du chapeau des musiciens sur scène.
Plus d'information sur
https://www.facebook.com/hakenofficial
LISTE DES PISTES:
01. Taurus 02. Nightingale 03. The Alphabet Of Me 04. Sempiternal Beings 05. Beneath The White Rainbow 06. Island In The Clouds 07. Lovebite 08. Elephants Never Forget 09. Eyes Of Ebony
FORMATION:
Charles Griffiths : Guitares Conner Green: Basse Peter Jones: Claviers Ray Hearne : Batterie Richard Henshall: Guitares / Claviers Ross Jennings : Chant
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(2) COMMENTAIRE(S)
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Après l'échec "Virus" qui pour moi était de loin le moins bon album des Britanniques, j'étais assez nerveux au moment d'écouter "Fauna", surtout après la découverte assez mitigée des premiers singles et celle de l'artwork qui pour moi est de mauvais goût comme 100% de leurs pochettes (quel dommage, mais apparemment tout le monde le trouve superbe ).
Venons-en au contenu. Le groupe l'a dit plusieurs fois : il s'agit bien de leur album le plus diversifié à ce jour, ce qui en fait un disque plaisant, jamais redondant. Pour moi, sa faiblesse résulte davantage en l'hétérogénéité de la qualité des morceaux, car oui, il y a des pépites ('Nightingale' ou 'Elephants Never Forget' pour ne citer qu'elles), mais certains titres me semblent dispensables ('Eyes Of Ebony' qui n'apporte pas grand-chose à l'ensemble ou le gnan-gnan et insupportable 'Lovebite').
Globalement, c'est un album qui s'écoute avec plaisir, notamment grâce à la pluralité des styles abordés, et grâce à une certaine prise de risque qui a fait la marque de fabrique du groupe. En témoigne la section déjantée de 'Beneath The White Rainbow' ou le couplet très (trop ?) Gentle Giant de 'Elephants Never Forget' qui n'en reste pas moins excellent. Et puis, ces refrains !!! Haken est certainement LE groupe de métal progressif du moment à écrire les refrains les plus accrocheurs et originaux, j'en suis toujours assez fasciné.
Le faux-pas "Virus" est excusé, mais alors que l'on fête cette année le dixième anniversaire de "The Mountain", je crains que le sextet ne retrouve jamais son niveau de l'époque en termes de composition et de génie. Malgré tout, "Fauna" reste un beau disque que je prendrai plaisir à redécouvrir au fil des années.
4/5
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C'est vrai qu'Haken prend des risques avec cet album, et c'est tout à son honneur. Comme toujours, les lignes de chant sont magnifiques et les compositions inventives. D'ailleurs le morceau 'Elephants Never Forget' est sans doute l'un des plus prog que les Anglais n'aient jamais composés, même si la référence à Gentle Giant est assez voyante. "Fauna" est un bon album, mais il y a tout de même quelque chose qui me dérange : le groupe est tellement obnubilé par le fait de sonner metal moderne qu'il a presque complètement supprimé les solos de guitare (ou les a réduits à la portion congrue), et ça c'est mal . Surtout quand on dispose dans ses rangs de guitaristes aussi talentueux.
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LECTEURS:
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4/5 (4 avis)
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