Alienatör est un trio qui nous vient du Canada, contrée toujours propice à nous offrir de belles découvertes. Le groupe propose un premier album lourd de sens intitulé "Regrets". La pochette intrigante montre une vieille photo de ce qu'on devine être un couple avec un enfant dont les visages sont effacés par des coups de poing ou de balles. L'ambiance est posée...
De lourdeur, il en sera question tout le long de ces onze morceaux qui ont pour but de sonder les abysses de notre esprit et la bête qui y habite. Alienatör propose un hardcore mâtiné de sludge qui semble être idéal pour cette expérience hors normes. Pour faire sortir le "monstre" de notre inconscient, le trio opère un matraquage rythmique avec une basse largement mise en avant et des riffs gras ('The Priest'). Tout ici est construit autour de l'oppression pour nous enfermer dans un carcan étouffant. Certains thèmes abordés contribuent aussi à asseoir cette atmosphère comme le révisionnisme ('Revisionist History').
Le groupe cependant ne s'enferme pas complètement dans ce mélange sludge - hardcore et intègre dans plusieurs compositions des doses de punk ('Blood Red Blood') voire des moments plus "silencieux" qui apportent une bouffée d'air dans cette descente aux enfers ('Regrets', 'The Priest'). Parfois, c'est le heavy qui semble prendre le lead afin d'accentuer cette puissance plombante qui nous enfonce ('Irreconciliable'). Malgré cette certaine urgence visant l'efficacité, le trio n'en oublie pas de développer quelques passages laissant uniquement les instruments s'exprimer pour laisser l'auditeur face à lui-même et ses propres démons ('Dark Matter').
"Regrets", avec sa production redoutable, est un album à l'essence cathartique exacerbée qui réussit son objectif d'être l'expression d'un certain mal-être qui a souvent du mal à sortir. Alieanatör nous offre ainsi une sorte de psychothérapie de 38 minutes qui ne laissera personne indemne.