Dyonisos est une “formation” américaine avec un nom grec et un label russe ... si c’est pas de la mondialisation, ça ! ... J’ai mis des guillemets à “formation”, car ce “groupe” est formé d’un seul membre, Dan Cowan, compositeur, batteur, bassiste, chanteur et (surtout) guitariste, vouant audiblement une vénération marquée pour David Gilmour et pour le Floyd.
Comment en effet ne pas penser à David Gilmour en entendant ce timbre légèrement voilé et ce phrasé un peu flou ? Comment ne pas faire le parallèle avec le génial guitariste dès les premiers sons glissés si typiques ( Visions, le meilleur titre de cet “Incidental Collection” ) ? Et comment ne pas évoquer le Flamant Rose en écoutant “Pasture In Kahaluu 8” : dans le même morceau, vous y entendrez les synthés et les premières notes guitare de ‘Shine on ...”, les claviers de l’entrée de “Echoes”, les cris d’animaux de “Animals”, et un solo de sax rappelant celui de “Money” !
Cet album souffre forcément de deux limitantes. La première est liée au concept “homme à tout faire”, de l'écriture à la réalisation. Un seul point de vue sur tout un album mène évidemment à une certaine homogénéité, mais lisse considérablement les compositions et leur interprétation. Forcément la basse est très en arrière, forcément la batterie est peu imaginative, forcément les claviers sont relégués à la simple figuration. Un regard de groupe aurait très probablement apporté davantage de relief.
Deuxième limitante, la comparaison inévitable du clone avec l’original. Je n’ai jamais été un grand fan des productions solo de David Gilmour, un peu assoupies à mon goût. Mais la fadeur des compositions est régulièrement sauvée par le génie du guitariste ... Ici, le travail à la guitare est bon, sans plus, manque ce côté hyper-précis et magiquement aérien qui réussit à éveiller l’attention. Conséquence, certaines compos (Absolute Center of Nowhere, Leaving Home, Ohia Lehua ... ) tombent dans le côté “élève appliqué ne rendant qu’une pâle copie”, assez préjudiciable.
Reste un album qui s’entend agréablement, mais je reste persuadé que les admirateurs de “monstres sacrés” devraient faire preuve de plus d’originalité s’ils veulent se faire écouter, surtout dans ce registre AOR sans variations progressives !