Après deux albums et un EP, Lodz a connu une remise en question. Afin de trouver des réponses, le groupe a entamé une sorte de psychothérapie musicale courant 2019 en se mettant en retraite tels des moines bénédictins. Pendant des semaines, les membres du combo lyonnais se sont isolés afin de réfléchir à ce qu'allait devenir leur prochaine étape. Dans l'intervalle, deux nouveaux membres (Eric à la batterie et Julien à la basse) se sont joints à Eric (chant) et Olivier (guitare) afin d'apporter un regard neuf.
Ce que le groupe ignorait à l'époque c'est que la pandémie allait encore plus les enfermer dans un isolement, cette fois contraint et forcé. Cependant, Lodz avait déjà bien avancé ses nouvelles compositions pour accoucher, presque trois ans après sa retraite voulue, d'un nouvel album, "Moons And Hideaways". Tout ce travail d'introspection effectué ressort sur la pochette. Influencé par Cult Of Luna et Katatonia, par une sorte d'ambivalence entre moments de violences contrebalancés par des parties plus atmosphériques, Lodz tente de s'en émanciper.
L'ambiance générale lorgne ainsi vers une sorte de mélancolie sans pour autant être plombante. Elle apparaît plutôt subtile dès le titre instrumental d'ouverture ('Pyramids') et va ainsi servir de guide à l'auditeur tout au long des huit morceaux suivants. Les fans de la première heure ne seront pas totalement déstabilisés en retrouvant cet art de mêler moments brutaux et passages mélodiques et planants ('You'll Become a Mémory') où à l'unisson, musique et lignes de chants transposent des émotions pures. Il se cache derrière cette architecture un petit côté doom voire post rock dans cette recherche de catharsis.
En changeant son fusil d'épaule dans sa manière d'aborder l'écriture, Lodz gagne en cohérence ce qu'il perd peut-être en spontanéité. Les compositions semblent mieux pensées, plus abouties, ce qui permet de trouver un assez bel équilibre entre paroles et passages instrumentaux qui ne tombent jamais dans l'excès. Ajoutez à cela l'utilisation de samples qui accentue un peu plus le concept autour de l'introspection ('Chimeras'), vous obtenez un disque solide qui plaira au plus grand monde. Que les plus réfractaires aux passages growlés se rassurent, ces derniers sont là pour accentuer les contrastes et favoriser l'expression d'une rage trop longtemps retenue ('Sorry For September') et ne sont pas envahissants.
Lodz a fini par trouver sa signature sonore tout en conservant sa base s'appuyant sur deux hémisphères : violence et mélodie. "Moons And Hideaways" ouvre un nouveau chapitre ou départ pour le groupe qui cultive sa mélancolie sans tomber dans le spleen et la dépression, avec un metal robuste piochant parfois vers le post rock. C'est à ce jour leur meilleur album.