Vous connaissez le metal, vous connaissez (peut-être) le kawaii, mais connaissez vous le kawaii-metal, voire le kawaï-djent aux entournures ? Baby Metal, pur produit de la "Japan Idol" (typique de la pop culture nippone), est composé de musiciens dont on ne parle jamais, la tête de gondole étant les 3 jeunes femmes de 25 ans (Su-Metal, Moametal, et la petite dernière Momometal) qui assurent le chant et la chorégraphie. Le groupe a commencé à faire parler de lui il y a une dizaine d’années lorsque les jeunes Japonaises étaient encore adolescentes, mais, malgré les sarcasmes et critiques en tout genre, le groupe a non seulement survécu, quoiqu’avec un line-up qui a un peu évolué, mais il nous offre un quatrième album studio.
Pour les familiers de mangas animés, la surprise n’en sera pas une tant on se croirait plongé dans un générique de "Demon Slayer" ou de "One Piece". Pour les autres, le style va forcément surprendre, car si musicalement le concept Baby Metal tient largement la route, c’est le chant des trois jeunes Japonaises qui décrédibilise complètement le genre.
Dans le kawaii-metal, la chorégraphie est indissociable du chant et de la musique, c’est l’essence même de la Japan Idol. C’est donc une musique qui s’écoute plus en vidéo qu’en audio. Culturellement éloigné de ce qu’on a l’habitude d’entendre sur notre continent, le chant féminin juvénile nippon/anglais posé sur les gros riffs de metal peut parfois être rédhibitoire, mais le genre à le mérite être un bol d’air frais dans le paysage parfois aseptisé du metal. La base musicale guitare/basse/batterie est trop injustement relégué au rang de décor pour les trois chanteuses, car l’originalité des compositions et le niveau technique des musiciens mériteraient plus d’attention.
On dit que le trop est l’ennemi du bien, mais c’est un adage dont les Japonais font fi, à l’instar de la batterie qui ravira les aficionados de drum heroes qui aiment en mettre partout, mais qui pourrait par contre lasser les minimalistes. Quant aux riffs de guitares, ils sont tranchants, efficaces et donnent plus envie de headbanger qu’à suivre la chorégraphie proposée par les trois jeunes choristes.
Vous êtes prévenus, c’est très différent de ce qu’on entend d’ordinaire sur la scène metal, mais ça change, ça fait voyager et surtout ça fait sourire. L’album ne restera sans doute pas dans les annales, mais il mérite toutefois d’être écouté, ne serait-ce que pour son originalité.