Les artistes en tout genre, qu’ils soient musiciens, peintres, écrivains utilisent en général leur média préféré pour exorciser leurs angoisses profondes : c’est ce qu’on appelle l’art, qui ravive ou non une angoisse similaire en nous. Rassurez-vous si vous n’accrochez à pas à l’œuvre de Kafka, Spinoza, Picasso voire de Metallica… vous ne souffrez simplement pas de la même blessure que l’auteur.
Le travail d’Omnerod sur "The Amensal Rise" est si riche et diversifié qu’il est possible qu’il ravive à un moment ou un autre une blessure chez l’auditeur. Si on ressent la présence d’un Psykup sur ‘The Amensal Rise’, on se demande si le groupe n’a pas ressuscité Jim Morrison sur l’intro de ‘Towards The Core’, pour verser quelques minutes plus tard dans du Devin Townsend, du Gojira ou de l’Opeth.
Rien d’anormal jusque-là dans le monde du metal contemporain. En revanche, le groupe a parfois l’audace d’insérer des plages de jazz et même de rockabilly (´Towards The Core’), et franchement ça passe très bien au milieu de riffs de metal complètement barrés. Le brillant ‘Magnets’ illustre peut-être le mieux cette dualité, malmenant constamment l’auditeur pendant près de 10 minutes entre brutalité et douceur. Les psy de comptoir y verront la description de la perversion narcissique, mais ne sommes-nous pas justement là dans le reflet d’une blessure non guérie ?
L’univers des Belges est si dense et éclectique qu’on pourrait écouter l’album en boucle sans jamais tourner en rond. Ironiquement, c’est peut-être aussi là que réside le bémol de cette production : on a parfois du mal à raccrocher les wagons et à s’immerger complètement dans le monde d’Omnerod, tant les morceaux sont variés.
Néanmoins, l’ensemble est accrocheur et résolument moderne, le groupe puisant son inspiration dans de multiples sources, le metal en premier lieu mais pas que. Un album à découvrir, l'aventure est garantie et probabilité de s'ennuyer est proche du zéro.