Deleo est un groupe français originaire de Montpellier. Fondée en 2018 par le guitariste Denis Navarro, la formation a subi de plein fouet la déflagration mondiale causée par le Covid 19 alors qu'elle venait tout juste d'accrocher l'oreille du producteur britannique James Sanger (U2, Manic Street Preachers, Madonna). Des enregistrements subsistent de cette rencontre, mais malgré tout Deleo a bien failli rester sur le carreau. Ce n'est pourtant pas une pandémie qui va arrêter Denis Navarro qui, épaulé du producteur Philippe Uminski, a mis sur pied un nouveau line-up et sort enfin ce premier album, "The Best Is Yet To Be".
Ce titre est d'ailleurs un peu curieux, comme si le groupe s'excusait d'avance pour ses égarements présents. Certes, on pourrait penser à ce titre comme un hommage à Frank Sinatra, mais en connaissant le style du groupe, cette référence s'avérerait assez cocasse et hors de propos. Car Deleo semble avoir beaucoup ingéré de rock indé, mais surtout la cold wave et la new wave, un peu trop parfois pour se démarquer véritablement de ses influences. Dès le départ, 'Notice', se place au-dessous du volcan bouillonnant, où guitares et basses en avant tourbillonnent pour créer de véritables instants tourmentés. 'You Feel' et 'Satellite' incorporent des éléments funk pour offrir une direction dansante assez judicieuse (et jouissive). Des pistes calmes succèdent à des pistes un peu plus agitées, avec une très convaincante 'Going Home'. Cette dichotomie au sein de l'album alourdit toutefois l'ensemble et empêche l'adhésion totale en tuant tout effet de surprise en particulier en fin d'album, dont la durée en est d'ailleurs allongée sans convaincre véritablement, ajoutant quelques pistes redondantes (la très lancinante et dispensable 'Game Lover').
La voix de la nouvelle chanteuse (prénommée Émilie) rappelle Téradélie ou Liz Fraser avec parfois a des accents de Dolores O'Riordan (The Cranberries) sur les morceaux les plus calmes. L'accent français assez perceptible n'est pas rédhibitoire et ajoute un peu de charme à l'ensemble. Sur 'Lonesome Traveler', Emilie prend des risques en jouant d'enchaînements voix dure/voix plaintive et nous aurions aimé un peu plus de voltige dans le style de Mona Soyoc (Kas Product).
Ce premier album de Deleo est assez agréable à écouter malgré quelques défauts de jeunesse. Le groupe sait toutefois créer des atmosphères lourdes et mélancoliques sans être plombantes avec des influences proches de la cold wave et du rock indé. Un départ très encourageant, mais la formation de Denis Navarro nous avait prévenus : le meilleur reste à venir. Histoire à suivre...