INNER PROSPEKT: Canvas Three (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Inner Prospekt est le projet solo du Romain Alessandro Di Benedetti, claviériste fondateur du groupe italien Mad Crayon et compositeur/invité de The Samurai of Prog depuis "Toki No Kaze" (2019). Si Mad Crayon n’a enfanté que quatre albums en 29 ans, Alessandro Di Benedetti semble vouloir rattraper le temps perdu avec Inner Prospekt, s’infligeant une cadence infernale : "Canvas Three" est déjà son douzième album en moins de dix ans (et le treizième est déjà en gestation).

Dans la discographie d’Inner Prospekt, les "Canvas" ont une place particulière car ils reprennent des morceaux composés par Di Benedetti pour d’autres formations. Ainsi "Canvas Three" est constitué de titres initialement parus (par ordre d’apparition sur l’album) sur "Omnibus II" (The Samurai of Prog – 2021), "Robinson Crusoe" (Bernard & Pörsti – 2021), "The White Snake" (The Samurai of Prog – 2021), "The Spaghetti Epic 4" (The Samurai of Prog – 2022) et “Liber De Dictis" (Guildmaster – 2022). Mais, comme il s’agit de l’interprétation personnelle par le compositeur de ces morceaux, ce n'est pas à proprement parler un album de reprises et nous ne nous intéresserons donc qu’à la musique contenue dans ce disque sans la comparer avec les versions des albums précités.

Fidèles à la tradition progressive, les cinq titres ont tous une durée importante permettant de multiplier les thèmes et d’installer une atmosphère. Les passages d’un thème à l’autre peuvent s’enchaîner de façon très fluide, comme sur ‘A Wordless Fable’ où la musique déroule naturellement ses différentes mélodies sans heurt, mais aussi parfois de manière plus abrupte, les différentes parties étant simplement juxtaposées sans effort de transition. Néanmoins, la beauté des compositions ne se dément jamais et fait que ça passe très bien.

Car l’un des points forts de cet album réside dans la qualité et la richesse des mélodies. Alternant rythmes dynamiques et plus calmes, les titres sont tantôt mélancoliques (‘The Island of Despair’), solaires (‘A Wordless Fable’) ou cinématiques (le début western de ‘The Showdown’), toujours somptueux. L’autre point fort se niche dans l’interprétation, entre une palette d’instruments assez large, flûte et viole de gambe donnant la réplique aux guitares et aux très nombreuses sonorités de claviers utilisées, et de magnifiques solos, que ce soit à la guitare, au piano ou au synthé, chaque titre en étant pourvu de plusieurs.

S’il faut citer une faiblesse, elle se niche dans un chant un peu neutre qui n’est pas toujours à la hauteur de l’ensemble. Mais comme il laisse très largement le champ libre aux parties instrumentales, ce n’est pas vraiment gênant. Côté inspiration, on flirte souvent avec du Genesis période Gabriel (l’un des premiers albums d’Inner Prospekt ne s’intitule pas "Dreaming Tony Banks" pour rien), un peu d’ELP sur quelques solos de synthé, du Camel façon "The Snow Goose" ou, pour rester dans la thématique des oies, du Anthony Phillips et son incontournable "The Geese and the Ghost". Que du très bon !

Malgré les références citées, "Canvas Three" n’a rien d’un album passéiste ou d’une resucée des glorieux aînés. Sa musique variée, fluide, tantôt pastorale ou onirique, toujours très mélodieuse, se déroule sans temps mort et permet de passer un très agréable moment.

INNER PROSPEKT

CANVAS THREE

AUTOPRODUCTION

ROCK PROGRESSIF