Réfugié en Pologne aux premières heures de la guerre en Ukraine en emmenant ses claviers dans sa fuite de Kharkiv, Antony Kalugin s'est remis au travail par le biais de son projet Sunchild dont on n'avait plus de nouvelles depuis cinq années, sortant coup sur coup une compilation d'archives ("Time and the Tide") puis ce nouvel effort comprenant deux longues suites complétées par deux titres courts et deux versions edit de ces mêmes suites.
Après une introduction aux claviers qui n'est pas sans rappeler "I Robot" d'Alan Parsons Project, Antony Kalugin nous embarque pour un voyage extraordinaire de 26 minutes visitant de multiples contrées progressives, au premier rang desquelles les influences de Genesis et de Yes s'avèrent particulièrement présentes, de même que le progressif pastoral inspiré par Anthony Philips. Porté par une section rythmique très inspirée, ce premier epic multiplie les thèmes tout au long de ses sept parties enchaînées, avec un souci mélodique constant qui happe l'auditeur dès les premières secondes pour ne plus le lâcher. Même si le chant masculin se révèle parfois un peu limite, les interventions très convaincantes de Maria Panasenko soutenue régulièrement par Olha Rostovska contribuent à mettre en valeur l'instrumentation foisonnante qui les accompagne.
Avec 'Life Lines', Sunchild parvient à trouver un juste équilibre entre les différents instruments, ce qui n'était pas forcément le cas sur les productions précédentes. Suffisamment d'espace est laissé au gré de larges parties instrumentales à la guitare qui nous gratifie de belles lignes mélodiques sur fond de claviers néo, avec de surcroît quelques interventions de saxophone à la mélancolie apaisante. 'Northern Skies' va poursuivre dans la même veine, avec toutefois une approche un peu plus complexe, faite d'instrumentation fouillée, de rythmiques chaloupées, de quelques passages techniques parmi lesquels quelques chorus flamboyants et le chant féminin apportent une contradiction bienvenue. Plus anecdotiques, les deux dernières plages de l'album viennent se poser comme on éteindrait les lumières après un show fantastique réussi en tout point, donnant une couleur cinématographique certaine à cette conclusion.
Revenu bien malgré lui en pleine lumière au gré d'événements extra-musicaux, Antony Kalugin n'a de cesse de poursuivre sa quête frénétique d'une certaine perfection musicale. Avec "Exotic Creatures and a Stolen Dream", il s'en approche à grands pas.