Relativement inconnu sur son nom propre, le personnage de Guthrie Govan commence à sortir de l’ombre dès que l’on prononce certaines formations qui lui sont associées… Il a notamment été le guitariste du groupe Asia (de 2001 à 2006) et collabore également dans la formation GPS (le G, c’est lui). En dehors de ça, il travaille régulièrement pour divers magazines de guitare pour lesquels il détaille des cours techniques et il officie également en tant que professeur dans un Institut de Musique à Brighton.
Etant un des ambassadeurs de la célèbre marque anglaise d’amplis à lampes Cornford, il signe avec Erotic Cakes son premier opus solo pour un label qui signe ici son premier artiste… En fait, ce label n’est ni plus ni moins que Cornford Records : le label du fabriquant d’amplis… Bonne initiative de la part de ce fabriquant qui renouvelle ainsi son soutien à un des artistes de son écurie. Notons au passage qu’un site web, rudement bien fait en matière d’animation (album exclusivement en vente sur ce site) a été développé pour l’événement. On y découvre notamment des commentaires dithyrambiques de la plupart des grands guitaristes de renom (Greg Howe, Satriani, Kotzen, Bumblefoot, Aldrich…)…
Quant à l’album, ce que l’on note dès le départ, c’est la très bonne production ! Le son est vraiment « gros » pour tous les instruments. En fait, la production est assurée par Jan Cyrka… Pour ceux d’entre vous qui se souviennent, c’est un guitar heroe qui a eu son heure de gloire à l’époque satrianesque dans le début des années 90 : un guitariste qui, à défaut d’avoir une technique ébouriffante, possédait un bon feeling et un sens de la mélodie et de la production.
Au niveau du jeu, ça joue, et ça joue très bien !!! On remarquera tout particulièrement le son très chaleureux de la guitare rendu par l’amplification à lampes (Cornford) ainsi que l’équilibre entretenu avec la section rythmique et plus particulièrement la basse qui assure un groove du tonnerre sur toute la durée (basse tenue par le frère de Guthrie). Le jeu de guitare est souvent emprunté à Vai (Guthrie œuvre beaucoup au niveau des tutoriaux de guitare et est spécialisé dans le décorticage du jeu de Steve Vai : ceci expliquant cela), tant au niveau du jeu que du son.
Au niveau des styles abordés, comme tout bon instrumentiste, il est bon de sévir dans la variété, ce qui sert également l’auditeur amateur de variations progressives… Et là, tous les styles sont abordés, les thèmes sont puissants, les accompagnements et les rythmiques groovent à la folie et on retrouve ci et là diverses influences dont les plus évidentes sont Satriani, Morse, Howe et bien évidemment Vai en première ligne…
Parmi les 11 titres qui composent cet album, on remarquera donc « Waves », « Erotic Cakes », « Fives » et « Sevens » qui sont des morceaux typés rock alternant divers passages assez variés au niveau du jeu de guitare (mention spéciale pour la partie en tapping sur « Sevens »).
« Wonderful Slippery Thing » et « Slidey Boy » prennent davantage des accents jazzy et fusion à la manière d’un certain Greg Howe sur plusieurs passages.
« Ner Ner » est une magnifique pièce qui commence de façon assez rock avec un riff joué sur une sorte de dobro et qui nous gratifie d’une belle intervention de Richie Kotzen, juste avant un intermède acoustique à la manière de Jason Becker.
« Uncle Skunk » est quant à lui un titre très inspiré par Vai au niveau du jeu et du son. On notera également l’utilisation de la pédale Whammy à bon escient, ainsi que le slap au second plan.
Le titre « Eric » est quant à lui tout simplement magnifique dans sa seconde partie où l’expressivité et le feeling sont poussés assez loin.
« Rhode Island Road » est relativement joyeux. C’est un shred de saloon où intervient d’ailleurs un autre cowboy de la six cordes : Ron Thal, lequel utilise ici sa Vigier Surfretter pour nous concocter un solo dont lui seul a le secret.
L’album clôture finalement sur un « Hangover » nous offrant une belle accalmie à la manière de certains titres de Shawn Lane en terminant sur des phrasés colorés d’improvisation en alternance entre la basse et la guitare, juste avant les arpèges et le fading final…
Ce premier essai solo de Guthrie Govan est donc une franche réussite. Alliant technique, feeling, son, groove et mélodie, cet album est réellement un « must have » pour tous les amateurs de musique instrumentale…