THE DAMNED: Darkadelic (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Depuis son retour en 2018 avec "Evil Spirits", The Damned a retrouvé sa régularité et sa créativité d'antan avec la sortie d'un EP en 2020 et aujourd'hui celle d'un nouvel album au nom évocateur "Darkedelic", avec la noirceur et un peu de folie qui caractérisent les opus des enfants terribles du rock anglais, trop souvent classés en punk et connus en France pour de mauvaises raisons (la reprise de 'Eloise' de l'incontournable Barry Ryan).

L'histoire de The Damned est une longue succession de départs, de retrouvailles et de nouvelles brouilles. Cette fois-ci, le batteur Pinch n'est plus de l'aventure, remplacé par William Granville-Taylor, qui ne lésine pas sur sa force de frappe. Exit aussi Tony Visconti à la production (on notera toutefois un hommage amusant au 'Starman' de David Bowie produit par ce dernier sur 'Girl I'll Stop At Nothing'), remplacé d'une main de maître par Thomas Mitchener.

Si 'Invisible Man' ne possède pas le charme magnétique de 'Standing On The Edge Of Tomorrow' du précédent album, il constitue une bonne ouverture d'album, avec de grosses guitares et un chant enjôleur. Dave Vanian, le prince des ténèbres du rock, sait user de ses atouts vocaux ensorcelants notamment sur les ballades 'You're Gonna Realise' ou 'Western Promise'. Captain Sensible semble s’être libéré de l'emprise de Tony Visconti pour s'en donner à cœur joie à la guitare, en particulier dans son usage de la fuzz, ne lésinant pas sur les soli, ce qui ajoute une couleur plus lourde à cet album ('Motorcycle Man' est à écouter pour ceux qui aiment les morceaux dynamiques).

Le groupe réussit à apposer le sceau Damned sur ces nouvelles compositions qui ont déjà l'air de sonner comme des classiques, sans pour autant répéter une formule pré-mâchée. Les Anglais ont parfois flirté avec le rock progressif, le hard rock, le blues mais le premier commandement des Damned est très simple : expérimentation des genres tous azimuts. 'Western Promise', ‘Motorcycle Man' ou 'Wake The Dead' sont des morceaux sophistiqués dont ils ont le secret. On y retrouve des constructions rythmiques à tiroirs qui laissent place à des moments instrumentaux (dominé par une trompette pour le premier, les orgues de Monty Oxymoron pour le deuxième et une guitare pour le troisième). A contrario, les Anglais sont tout à fait capables de produire des tubes taillés pour les radios (ce qui n'est pas un défaut) tels 'Follow Me' ou 'Leader Of The Gang', qui mériteraient d’être matraqués (Francis Zegut, si tu nous lis !).

Ce douzième album de The Damned nous prouve que le temps a suspendu son vol. Les Damnés sont des alchimistes qui réussissent à transformer tout ce qu'ils touchent en un rock mélodique et très magnétique. "Darkedelic" est déjà un grand classique des Londoniens aux côtés du "Black Album" ou encore de "Machine Gun Etiquette" : on se trouve séduit, on s'envole avec les soli du Captain, on frissonne un peu et on repart faire un tour sur le bolide pour une nouvelle visite extravagante d'une discographie touffue, chaotique mais passionnante.

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