Dominic Miller a collaboré avec tellement d’artistes qu’un seul coup d’œil à son CV suffit à donner le tournis. De Phil Collins à Tina Turner, de The Pretenders à Manu Katché, impossible de recenser tous les albums sur lesquels il a posé ses arpèges de guitare. Mais c’est avec Sting, dont il est le guitariste depuis plus de 30 ans, qu’il a connu ses principales heures de gloire. D’ailleurs, en composant ‘Shape Of My Heart’, il ne s’attendait sans doute pas à donner naissance à un tube mondial, et pourtant il peut se vanter d’avoir fait frissonner bon nombre de mélomanes amateurs d’ambiances délicates.
Cette délicatesse est au cœur des albums solos de Dominic Miller, et "Vagabond" reflète le même parti pris artistique que les deux précédents, "Absinthe" et "Silent Night". C’est un album instrumental acoustique qui mélange les inspirations jazz et classiques à la manière d’un Ralph Towner ou d’un Pat Metheny lorsqu’il collaborait avec le pianiste Lyle Mays (‘Clandestin’, ‘Lone Waltz’).
Dominic Miller a beau être un maître de la guitare à cordes en nylon, sa musique est l’opposé exact d’une musique démonstrative. Son obsession est de créer des ambiances et des paysages sonores subtils, laissant à chaque instrument suffisamment de place pour leur apporter la chaleur et la couleur harmonique qui permet à l’esprit de l’auditeur de vagabonder, au fil de compositions invitant à la rêverie et à l’introspection.
Dès lors, chaque titre de "Vagabond" pourrait sans problème être utilisé comme la bande-son d’une œuvre cinématographique. D’ailleurs, le magnifique ‘Mi Viejo’ s’inscrit dans la lignée du ‘Cavatina’ de Stanley Myers, utilisé par Michael Cimino pour le générique de son inoubliable "The Deer Hunter" ("Voyage au bout de l’enfer" en français …).
Alors bien sûr, entre rêverie et somnolence, la frontière est ténue. Mais les compositions de Dominic Miller sont suffisamment subtiles et mélancoliques pour ne jamais tomber dans le piège de la musique d’ascenseur. "Vagabond" est un album douillet et chaleureux, à garder pour les longues soirées d’hiver au coin du feu.