Alors que leur identité musicale déjà fortement marquée évite globalement toute mauvaise surprise, il subsiste néanmoins toujours quelques incertitudes à la sortie d’un nouvel opus des Suisses de Sideburn. En effet, depuis la scission du groupe en 2011, ayant vu la création de Backwater pendant que Roland Pierrehumbert et Lionel Blanc restaient les seuls survivants du line-up, ce dernier est loin de faire preuve d’une grande stabilité. Avec un goût certain des deux compères à changer de label et à tester un nouveau producteur à chaque album, les jeux étaient donc ouverts à la découverte de ce "Fired Up".
Pour cette huitième parution sous le patronyme de Sideburn, mais la dixième si l’on rajoute celles parues à leurs débuts sous le nom de Genocide, ce qui semble devoir devenir une tradition a bien été respecté. Au revoir Fastball Music et bonjour Massacre Records. A la production, c’est au tour de Denis Ward de s’installer derrière les manettes. Enfin, et ce n’est pas le plus négligeable, Lawrence Lina et Nick Thornton se voient replacer par Sickyy Lyo et Thierry Nydegger aux postes de guitariste et de bassiste. Et pourtant, et comme d’habitude serions-nous tentés d’ajouter, Sideburn continue de faire du Sideburn. L’esprit des géants du pub-rock australien sont toujours bien présents sans jamais être clonés, et les amateurs retrouvent leur dose de riffs taillés pour les highways, de refrains affûtés pour s’empaler dans la mémoire vive de l’auditeur, et de tempi charpentés pour se démettre les cervicales.
‘Feel The Heat’ convoque immédiatement le spectre d’AC/DC avec un Lionel Blanc qui est un des rares batteurs à suivre Phil Rudd dans sa capacité à aller au fond du temps. L’utilisation de la slide, couplée à la voix rocailleuse et teigneuse de Roland Pierrehumbert, évoque toujours autant Rose Tattoo (‘Heading Down The Road 69’) et l’esprit de The Angels n’est pas loin lorsque certaines pièces se font plus rock que hard (‘Mystical Lady’). Mais là où le quintet fait la différence avec de nombreuses formations à l’identité marquée par les gangs aussies, c’est qu’il réussit toujours à glisser quelques éléments renouvelant sa formule, tels le blues crasseux de ‘Bad Side Of Town’ avec son succulent solo sur lequel s’affrontent l’harmonica et la guitare, le nerveux et bagarreur ‘Restless Call’, ainsi qu’un ‘Tired Of The Road’ prêt à faire fondre l’asphalte et dont les effluves bluesy remémorent le meilleur de Great White.
Alors qu’il a réussi à convaincre René Jacquot, champion du monde de boxe en 1989, de tourner dans son clip pour ‘Standing In The Headlines’, Sideburn confirme une nouvelle fois qu’il reste le leader européen du genre. Les changements de personnel autour du groupe et dans son line-up semblent garantir un renouvellement de son inspiration sans jamais remettre en danger sa marque de fabrique. Il reste à espérer que "Fired Up" lui permettra de s’imposer un peu plus auprès des amateurs du genre et que nous aurons bientôt le plaisir de le voir tourner à travers l’Hexagone.