Kip Winger est le leader du groupe du même nom, qui a sorti quelques très bons albums depuis le milieu des années 80. On citera par exemple l’excellent « Pull » en 1993, la dernière livraison « IV » en 2006 ou bien l’album reprenant certains de ces meilleurs titres en acoustiques « Down Incognito » en 1998.
Malheureusement, Winger a été trop rapidement classé dans les groupes de glam-rock de l’époque et n’a su s’en détacher que depuis peu. Car au delà d’un hard-rock mélodique très racé et d’excellente facture, le groupe Winger rassemble quelques brillants musiciens. A la batterie on retrouve Rod Morgenstein, bien connu pour avoir sévi dans les groupes Dixie Dregs et plus récemment Jelly Jam et à la guitare, le très prolifique Reb Beach entendu dans de nombreux projets. Kip Winger ne peut rester en place plus de cinq minutes, et on a pu le remarquer, entre autres, dans Alice Cooper ou dernièrement dans le très réussi « The Mob » avec Doug Pinnick de King’s X .
Un an après un très bon « IV », c’est un double CD de 37 titres qui arrive chez notre disquaire préféré. A première vue, on retrouve beaucoup de titres connus. Est-ce un best-of ? Oui et non. En réalité et comme son nom l’indique, cet album regroupe les démos des meilleurs morceaux de Winger. Et pour ne pas passer pour un album dont la vertu principale ne serait que vénale, Winger propose 10 titres originaux.
Pour être franc, les titres proposés en démo peuvent apporter une certaine fraîcheur avec leur côté brut et la spontanéité certaine qui en émane, mais on comprends mal l’intérêt d’une telle entreprise alors qu’un best-of est sorti il y a 6 ans et que le dernier album studio date de moins d’un an.
On retrouve les classiques « Blind Revolution Mad », « Down Incognito », « Can't Get Enuff » et la légère différence entre les démos et les originaux ne présente qu'un faible intérêt… Alors Kip Winger pourra se justifier autant qu’il le voudra en disant que son groupe est une formation live et qu’il voulait capturer l’intensité de l’enregistrement, l’énergie de la performance, l’authenticité de la création… on demeure perplexe.
Reste les 10 morceaux originaux… Sans eux l’hold-up aurait été total. Ceux-ci sont assez intéressants et on aurait pu s’attendre à moins de qualité pour ce genre d’album. Avec une meilleure production ces morceaux auraient pu apparaître aisément sur les albums studios, notamment « All I Ever Wanted », « Until There Was You » ou bien « Only Love ».
Winger revient sur le devant de la scène, et on ne peut que s’en réjouir. Les fans inconditionnels seront comblés avec cette nouvelle galette non dénuée d’intérêt, et les profanes pourront ainsi se faire une excellente idée du groupe. Finalement, c’est ce que l’on retiendra et ce n’est déjà pas si mal...