PRETENDERS: Relentless (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Groupe culte de la nouvelle vague anglaise, The Pretenders a connu une longue traversée du désert au milieu des années 80, troquant sa verve électrique en “faveur” d'une pop dépourvue de saveur. Unique capitaine du vaisseau pendant cette période agitée, la chanteuse à frange Chrissie Hynde a retrouvé le bon cap sur "Alone'', sorti en 2016 après un hiatus de 8 années. Le court "Hate For Sale" sorti en 2020 confirmait ce regain de forme. Pour son douzième album et son premier enregistré chez Parlophone, le groupe anglo-américain a voulu être implacable (relentless en anglais dans le texte) à l'image du petit garçon qui enfile des gants de boxe sur la pochette.

La stabilité est un mot qui ne figure pas dans le dictionnaire de The Pretenders. Alors que la hache de guerre avait été enterrée dans les années 90 entre Chrissie Hynde et son batteur historique Martyn Chambers, ce dernier a de nouveau pris la poudre d'escampette et a été remplacé par le Danois Kris Sonne, qui avait déjà accompagné Chrissie en solo. Le bassiste Nick Wilkinson s'est également fait la belle, remplacé par Chris Hill au CV jazzy et Dave Page. Mais l'arrivée marquante est celle du Gallois Carwyn Ellis, qui non seulement s'accapare les claviers mais également la guitare acoustique. En guise de figures de proue, Chrissie Hynde et le guitariste James Walbourne, sont de nouveau partenaires d'écriture.

L'album démarre sur les chapeaux de roue avec l'électrique 'Losing My Sense Of Taste' porté par ses guitares étouffantes bien en avant et le jeu relentless de la section rythmique. La voix magnétique et faussement ingénue de Chrissie Hynde sait toujours se montrer envoûtante. James Walbourne a le don de placer un gimmick mémorable de guitare au bon moment comme sur le glaçant 'A Merry Widow' sur lequel il se déchaîne en fin de parcours, également sur 'A Love', aidé d'une ligne de basse acérée ou sur 'Domestic Silence', en compagnie cette fois-ci de l'orgue Hammond de Carwyn Ellis. Le Gallois apporte un peu de renouveau avec son piano à queue doublé de l'orgue sur le crépusculaire 'The Promise Of Love', traversé d'une tension moite.

L'accent est cependant placé sur des morceaux plus intimistes et calmes comme la ballade 'Look Away' sur lequel Carwyn Ellis se distingue cette fois-ci en grattant les cordes d'une guitare acoustique. 'Your House Is On Fire' évite le piège des bons sentiments dégoulinants de 'I'll Stand By You', avec des chœurs sobres et un chant enjôleur. Toutefois, le groupe reste parfois confiné dans sa zone de confort. 'Just Let It Go' aurait mérité un traitement plus court. Le tube calibré FM 'Let The Sun Come In' manque de profondeur et passe rapidement en pilotage automatique. Sur l'ultime morceau, Jonny Greenwood, le guitariste de Radiohead, a signé l'arrangement de cordes mais le résultat reste assez fade et quelconque. Par ailleurs, Chrissie Hynde ne s'est pas départi de certains tics vocaux (en particulier sur 'A Love'), qui continueront de faire "tiquer" certains auditeurs.

Ce douzième album plus centré sur les ballades au détriment du rock nerveux et électrique qui a fait la gloire de The Pretenders n'est pas dépourvu d'intérêt et confirme le regain de forme retrouvé par le groupe anglo-américain depuis 2016. Pour autant, il s'agit de l'album le moins percutant de cette trilogie. Espérons que Chrissie Hynde et son gang ne lui offriront pas de jumeau.

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