Comme la science-fiction, la mythologie est souvent une source inépuisable d'inspiration pour le metal. Il faut dire que cet univers souvent violent se prête bien au style afin de créer des histoires musicales alternant moments brutaux et d'accalmies. Krysaor est né de l'imagination de Arnaud Carnielli ayant pour origine Chrysaor, fils de Poséïdon et de Méduse, issu d'un viol. Comme quoi la vie des Dieux de l'Olympe n'est pas aussi éloignée de nos sociétés... Ce dieu est apparu à de multiples reprises dans la littérature, la bande dessinée et des films, mais jamais dans la musique. C'est désormais chose faite grâce à Arnaud.
Pour ce faire, le batteur s'est construit à l'origine une dream team constituée de Christophe Laurent (guitare), Varenfel (claviers), Maxime Leclerq (chant) -qui a participé au projet Magic Kingdom- et Simon Etienne (basse). Pour accentuer le côté théâtral du disque et pallier certains mouvements courant 2022, Krysaor a modifié son line-up en intégrant Jules Brosset (basse) et Gus Monsanto. Ce dernier n'est pas totalement inconnu de la sphère metal, ayant été le chanteur d'Adagio et de Revolution Renaissance (avec Timo Tolkki).
"Foreword" est la première étape d'un projet qui sera sans nul doute construit sur le long terme. Cet avant-propos repose essentiellement sur un heavy épique qui colle le mieux au propos guerrier et aventureux développé dans l'album. Les claviers et les guitares jouent un rôle fondamental, parfois sous forme de duel ou en symbiose pour accentuer la dramaturgie ('By Your Side'). Le disque dégage une forme de nostalgie dont le sentiment est accentué par la production apportant une couleur vintage. On pense à de belles références comme Adagio ou Symphony X.
Cette musique est faite pour laisser une part belle à l'imagination et aux images. Krysaor réussit son pari grâce à une utilisation assez équilibrée des claviers ('Let There Be Light') qui souvent guident l'auditeur dans l'immersion que le groupe souhaite apporter. On est baigné dans des mouvements dynamiques mais aussi des passages plus calmes. Les compositions sont relativement classiques, faisant regretter l'absence de prise de risque. On décèle toutefois quelques incursions progressives intéressantes en toute fin d'album avec le morceau 'The Gate' qui laisse une grande place à l'expression instrumentale portée par d'excellent musiciens qui alternent des interventions de qualité.
Ce dernier titre permet de fonder de grands espoirs pour l'avenir de Krysaor qui semble ne pas se fixer de limite pour développer son projet. L'armée céleste avec à sa tête un chanteur solide, dont la performance est à saluer, est en marche pour conquérir le monde musical mondial, elle en a le potentiel pourvu que cette ambition de décloisonner le style continue.