Avec des albums comme celui-ci, la première pensée qui vient à l'esprit est la suivante : Quoique l'on pense du mouvement progressif et de son évolution qualitative au fil du temps, on ne peut que saluer son ouverture sur le monde, sa capacité à exploser les frontières et les clivages socio-culturels.
Brésil, Japon, Suisse, Grèce ou encore Russe comme ici avec FLIGHT 09, le Progressif est à la musique ce que Miyasaki est à l'animation : un genre à part, évolutif, qui s'internationalise et fait des émules aux quatre coins de la planète.
Mais ne nous égarons pas. Flight 09 c'est donc une formation de trois musiciens rompus aux festivals et à la scène depuis 20 ans et originaires de Tashkent, capitale de l'Uzbekistan. Débutant en 1986 dans un registre "métal progressif" incompris par leurs compatriotes, les trois compères ont finalement concentré leurs efforts vers une direction musicale plus accessible, teintée rock voire heavy prog, auto baptisée " Progressive cathedral rock "...
Human Nature est le troisième opus à diffusion internationale après "Rifflection" ( 2002 ) et " Forbidden Lullabies " (2003 ). Sorti en 2004 chez Neurosis il fut réédité chez le label Mals ( Dyonisos...) en 2005 avec un arrangement des pistes et un nouvel habillage qui rappelle vaguement le " Change of seasons" de Dream Theater.
Musicalement, la première impression pour un néophite peut laisser un poil confus. Le rythme saccadé et la saturation de la lead guitare associés à la voix basse et éraillée d'Igor Savitch sur le premier titre donnent un ton particulier à l'ensemble. Pas désagréable, juste inhabituel pour des oreilles habituées aux mixages et productions d'heavy mélodique plus répandus.
On pardonnera l'accent anglais très approximatif du chanteur qui porte également les casquettes de guitariste et clavieriste en studio. A ce titre les influences occidentales sont évidentes et assumées à travers l'intro typée Hard seventies d' "Eastern winds" ou bien le jeu de guitare évoquant immédiatement Mark Knopfler sur le très mélodieux " The crow ". Pour les touches progressives, inutile de rechercher la complexité et les prouesses techniques ; flight 09 joue sur un registre émotionnel et épuré comme en témoignent l'absence de choeurs, les touches cristalines, le refrain speedé de " one night without you" et la simplicité des structures, malgré le hachage et les fréquentes juxtapositions guitare/clavier présents sur "Eternal digrace", " My eastern winds" et "my dream".
Le titre le plus représentatif de l'esprit du groupe me semble être " Dancer in the night" pour son break parfaitement maîtrisé, son magnifique solo de guitare et le choix du clavier qui évoque Royal Hunt période " Fear".
Unique ballade de l'album ( fort heureusement d'ailleurs ) " when the sleeper wakes up" est une honnête compo acoustique malheureusement entachée par un accent anglais pas si british que ça... Enfin le bonus track " Watching your soul" clôture la galette d'une curieuse façon avec une tonalité bluesy et un refrain accrocheur limite commercial, assez éloigné des précédents titres.
Vous l'aurez compris, n'étant pas particulierement client de ce style j'ai néanmoins pris un certain plaisir à écouter ce groupe qui, s'il accuse quelques défauts de chant ou de production quelque peu datée, a malgré tout le mérite d'être original sans être démonstratif, influencé sans être plagieur. Les fans de métal technique seront sans doûte rapidement lassés mais la simplicité decomplexée de l'ensemble pourra séduire un certain public. Ce "Human Nature" loin d'être un standard mérite donc certains encouragements, et après tout, la curiosité n'est pas un si vilain défaut...