7 années, il aura fallu pas moins de 7 années pour que le mythique combo auteur du non moins vénéré album éponyme donne suite à ce dernier… Et quelle suite mes aïeux !
Si « Aghora » avait été unanimement encensé par la critique, « Formless » dépasse de loin les espérances et par là-même son prédécesseur en proposant une musique que l’on qualifiera de plus aboutie et mature… L’aspect hautement technique est plus que jamais de mise mais la trame rythmique des titres nettement plus heavy et surtout accrocheuse que son prédécesseur atténue voire annihile totalement le sentiment d’œuvre décousue qui pouvait naître à l’écoute du premier effort !
Premier constat rassurant : la disparition du line-up original de Sean Malone ne se fait guère ressentir comme peuvent en témoigner les terriblement efficaces lignes de basse et les slaps inspirés d’Alan Goldstein… L’interprétation de Giann Rubio et les apparitions de Sean Reinert derrière les fûts sont impressionnantes alternant furie aux rythmiques foudroyantes dominées par une double pédale tonitruante à l’instar de celles jouées par le guest dans le mythique « Focus » de Cynic et frappes chirurgicales d’une sensibilité rare pour coller aux atmosphères tantôt jazzy, tantôt orientales voire latinos…
Que dire du jeu de Santiago Dobles ? Les inspirations du virtuose à la philosophie et au mysticisme tibétains et taoïstes se ressentent dans chaque note sortie de ce qui semble être une extension de son corps tant son aisance avec l’instrument est hors du commun… Le contraste de ces soli aériens et éblouissants à des rythmiques ultra-heavy syncopées - comme l'on peut en trouver chez les meilleurs groupes death techniques actuels - est ahurissant !
Enfin, le chant de Diana Serra si il reste toujours lyrique l’est toutefois nettement mois que celui de sa devancière Danishta Rivero ce qui a pour effet de rendre l’ensemble nettement plus abordable pour la frange d’amateurs de progressif moins portés sur le côté « extrême » du genre !
Seul bémol toutefois ou du moins un avis personnel, quelques growls extrêmes bien sentis auraient accentués le formidable contraste entre le chant et la musique et auraient d’autant plus mis en valeur le lyrisme de Dianna Serra qui peut s’avérer monocorde sur la durée…
Outre les titres dont la teneur est décrite dans le jeu de ses protagonistes, on trouvera des intermèdes atmosphériques aux accents orientaux (l’intro « Lotus » et l’outro « Purification »), un instrumental très Joe Satriani’s like (« Garuda »)... Mais définitivement, l’essentiel n’est pas là et réside bel et bien dans des titres comme la pierre angulaire éponyme de cet album de plus de 12 minutes, aux rythmiques imposantes sur lesquelles se greffent des éléments solistes d’une technicité hors du commun…
En définitive, si cette pièce maîtresse prog métal peut d’ores et déjà être considérée comme un incontournable du genre que tout amateur averti se doit de posséder, il faudra néanmoins plusieurs écoutes pour apprivoiser cet impressionnant mastodonte (13 titres pour un total de 74 minutes) tant le lourd pavé que constitue ce « Formless », d’une richesse rare, est difficile à assimiler !