Avec 15 années d’existence et 7 albums à leur actif, les Anglais d’IO Earth s’inscrivent durablement dans le paysage progressif, toujours conduits par le guitariste Dave Cureton et le claviériste Adam Gough. La formation reste donc globalement stable et délivre assidûment une musique d’obédience prog à tendance symphonique qui ne dédaigne pas s’enrichir de consonances empruntées à la world music.
IO Earth reste ainsi dans la continuité des albums précédents, avec toutefois un son plus électro, notamment sur les percussions. Ça ne bouleverse pas le résultat, mais apporte un plus à une instrumentation déjà bien étudiée, et qui arrive à emporter l’auditeur dans des voyages intéressants. Le travail sur les ambiances et les sonorités s’avère particulièrement soigné (‘Sanctuaire’), s’enrichissant de tonalités orientalisantes ou hispaniques (‘Outside’), certains titres très réussis représentant ainsi une belle carte de visite pour le groupe (‘The Child’ ou le bon Closer ‘Won’t Be Afraid’).
Les voix sont bien mises en valeur, l’alliance des tonalités masculine et féminine rappelant inévitablement Mostly Autumn (‘Running’), et le groupe livre un piano-voix féminine minimaliste et ciselé d’une belle sensibilité (‘Close By’). Il excelle aussi dans les contrastes, passant du pur mélodique à des sections plus marquées qui amènent une variété bienvenue.
C’est quand IO Earth charge un peu trop la barque qu’il montre ses limites : ‘Changes’ apparaît un peu touffu, un peu chargé instrumentalement, un peu saturé sur la prise de son, ‘Sunshine’ est plus heurté et apparaît moins plaisant, et ‘Running’ pousse le curseur synthétique au-delà du raisonnable. Et là, le voyage ne marche plus, même si ces titres sont d’un bon niveau.
Le côté mélodique et varié l’emporte quand même, l’accessibilité et le soin apporté dans la production de “Sanctuary” confirment IO Earth dans son statut de valeur sûre du prog anglais.