GAUTHIER AUBÉ: L'envol (AUTRES,-) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Le parcours de Gauthier Aubé est pour le moins atypique. En échec scolaire, le jeune homme survit de petits boulots, sans horizon en ligne de mire. Un jour, il reçoit de son frère un album de Kaophonic Tribu et le jeune garçon a le coup de foudre pour un instrument inhabituel : le didgeridoo. C'est autour de lui que Gauthier Aubé va bâtir sa trajectoire, devenant un expert français en la matière, inventant un jeu de cartes pour en apprendre les rudiments et fondant même une académie en France.

"L'Envol", troisième album solo de Gauthier Aubé, met donc en avant cet instrument originaire d'Océanie. Pour ne citer qu'un exemple, les fans de rock progressif ont en tête le souffle rugueux - et quelque peu terrifiant - de celui joué par Rob Harris sur "The Dreaming" de Kate Bush (qui faisait directement référence au "temps du rêve" des Aborigènes). Un son râpeux qui semblait sortir des profondeurs de la terre et qui avait traversé les siècles. C'est cet instrument-là que Gauthier Aubé a remis sur le devant de la scène, en position de force. 'L'Appel' nous permet de nous familiariser avec ses subtilités et d'entrer dans le vif du sujet, 'L'Envol' nous confirme que le voyage ne sera pas de tout repos, basculant dans les ténèbres après un départ assez lumineux.

Gauthier Aubé évite le piège de "l'album à instrument unique" en conviant un trio pourvu d'une panoplie d'instruments : violon, oud, guitare, basse et kora. Ce choix judicieux évite de tomber dans la redite et la démonstration. Les instruments conviés ne se contentent pas d'accompagner, ils participent à l'action. La guitare offre des intonations aériennes à 'L'Ivresse' alors que le didgeridoo est plus organique, proche de la terre. Cet affrontement entre deux forces culmine sur 'Vivant !' où pendant un court instant la guitare prend l'ascendant. Il y a un aspect magique qui s'ensuit et le son du didgeridoo est de plus en plus agité alors que la guitare amorce un crescendo rythmique. Outre cette dimension magnétique, les rythmiques invitent à la danse.

L'album s'articule autour d'un concept qui relate la vie d'une personne à travers différentes étapes initiatiques de l'enfance jusqu'aux derniers sursauts. Pour autant, même si quelques mélopées se font entendre, nous aurions aimé bénéficier de vraies paroles et de leur interprétation pour accompagner le concept, qui se révèle assez obscur, seuls les titres nous permettant de suivre l'histoire.

Écouter "L'Envol", c'est comme se laisser ensorceler par l'instrument particulier que Gauthier Aubé a souhaité détacher de ses origines aborigènes. L'apport des autres instruments permet de s'immerger dans de véritables vignettes sonores, attisant le feu de l'imagination tout en donnant des envies d'évasion.

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