Parmi les nombreux critères conditionnant l'achat d'un album, l'un des plus importants reste la première impression laissée par la pochette. De ce point de vue, les anglais de Dante Fox ont bien travaillé et se sont entourés d'artistes de talent car le cover vaut vraiment le coup d'oeil. Mais le plaisir des oreilles est-il à la hauteur de celui des yeux ?..
Globalement, on serait tenté de répondre par l'affirmative, mais certaines remarques m'obligent à moderer le propos.
Musicalement, ce troisième album de Dante Fox a au moins un mérite : celui de ne pas tromper son auditoire sur la marchandise. La production est très soignée, tout respire le professionnalisme et la voix de la "frontwoman" Sue Willets est volontairement mise en avant, comme pour souligner cette caracteristique encore peu commune.
Mais voilou, c'est justement là que le bas blesse...Car loin du coté roots de Nikki Puppet ou de la sex-touch de Lita Ford, Sue Willets joue sur une voix sans véritable cachet, certes bien maîtrisée mais trop souvent haut perchée et dont l'omniprésence à chaque seconde devient vite épuisante.
Quant aux compos, une grande majorité d'entre elles reste honnête sans être transcendantale et relève plus d'un rock mélodique pépère que du hard-fm. Pour preuve, les tempos deux de tension de "Firing guns" et "breaking me down", le classicisme éprouvé trois millions de fois de "walking the line" et "save me" ou encore la pop-rock sirupeuse de "hold on your hands" qui n'aurait pas dénoté sur la BO de Friends..
Plusieurs titres dépassent les 5 minutes, probablement une erreur pour des compos peu ou pas progressives et aux structures redondantes. L'ennui guette au bout de quatre chansons. Pour la traditionnelle ballade, elle a sa place à mi-parcours " love tried to find you " et se trouve par ailleurs être aussi clichée que son titre l'annonce mais elle fonctionne quand même grâce à une mélodie efficace et très on-the-road.
Malgré tout quelques effort sauvent les meubles, et l'excellent jeu du guitariste Tim Manford y est pour beaucoup. Tous les solis sont agréables, bien dosés et tombent à point. Ni trop, ni pas assez, la classe pour un groupe dont la notorieté ne peut que monter.
Car du talent, il y en a quand même à revendre : "goodbye to yesterday" et "the last goodbye" sont par exemple de bons hits. Mais le véritable salut est à la fin, avec la première moitié de "lucky one's" (à la fois heavy, puis funky, plus originale, donc) et surtout le titre phare "under the seven skies", symbole d'un effort collectif de 9 minutes. Tout le monde a mis la main à la pâte, du coup on passe d'une intro psychée à un duo piano/voix pour s'engouffer dans un savoureux mid-tempo, puis un solo bien bluesy et...pour la suite à vous de voir.
Une dernière petite remarque : esperons que la nouvelle recrue Roman Wieckowski pourra davantage s'exprimer aux clavier dans les prochains opus, car ici, les touches sont agréables mais trop discrètes.
L'ensemble reste donc sympatique à écouter pour les amateurs de rock fm anglais et de voix féminines un peu pêchues. Les head-bangers passeront leur chemin...