The Trouble Notes est sans nul doute l'un des groupes les plus cosmopolites de la planète. Formé à New-York en 2012 au hasard des rencontres, le trio originel a trouvé résidence en Allemagne et en France (à Strasbourg comme en témoigne la pochette de l'album) pour enregistrer ses premiers EPs. Aujourd'hui, le trio, après le départ du batteur Oliver Maguire, est devenu un quatuor : Bennet Cerven (violon, USA) et Florian Eisenschmidt (guitare, Allemagne) ont accueilli Carola Zerega (chant, Équateur) et Julian Lardis (batterie, Australie) pour sortir ce premier album officiel intitulé "Liberty Awaits".
Le titre de l'album est lié au concept de l'immigration, du voyage vers un autre ailleurs dans lequel on pourrait s'épanouir, faisant référence principalement à la Grande Famine du XIXème siècle qui avait vu de nombreux Irlandais gagner la terre promise américaine. Le voyage démarre sur les chapeaux de roue avec un titre éponyme qui ne peut laisser indifférent. Le violon virevolte et agit tout au long de l'album comme un instrument principal, les percussions sont aussi discrètes que musclées, la guitare affûtée, les mélopées de la chanteuse se font exotiques et le morceau qui reste indomptable surfe avec le rock progressif. Un bon résumé de la formule de The Trouble Notes.
Le groupe maîtrise son concept de bout en bout. Le voyage se poursuit sur de nouvelles terres, les Trouble Notes se révélant une redoutable agence de voyage sonore : un peu de musique gitane ('Magnolias'), hongroise ('Tihany Tanc'), celtique ('Never Dream Alone'), bluesy ('Turkish Delight avec un solo de wah-wah au violon). Dans le rang des curiosités, il faut évoquer 'The Banjolarian', qui réconcilie les sonorités mexicaines et nord-américaines via un jouissif banjo. La mise en avant de morceaux instrumentaux de très bon aloi (le très remuant 'Pearl d'Alsace' ou 'Sand Of Times', où la complicité du trio est au beau fixe), pourrait faire croire que Carola Zerega n'a pas encore été totalement intégrée au noyau dur et c'est quelque peu dommage tant celle-ci possède une voix envoûtante ('Never Dream Alone').
La musique de The Trouble Notes est exigeante mais aucunement élitiste. Plusieurs écoutes seront nécessaires pour certains, mais d'autres auditeurs pourraient se sentir happés par l'invitation au voyage dès les premières notes. Une réussite intégrale même s'il aurait été intéressant d'entendre un peu plus la chanteuse équatorienne Carola Zerega et son joli petit filet de voix.