Girl power. Si les groupes accueillant une chanteuse ne sont désormais plus rares, les formations 100% féminines le sont quant à elles encore un peu. Conquer Divide est l'une d'entre elles. Les Américaines ont connu un très grand succès en 2015 avec leur acte de naissance éponyme mais depuis, elles s'étaient montrées discrètes, n'offrant à leur public que quelques miettes éparses cinq ans plus tard (le titre 'Chemicals' ou la reprise du 'Bad Guy' de Billie Eilish). En 2022, les choses se sont enfin accélérées avec l'annonce d'une signature surprenante avec Mascot Records. Surprenante car le style qu'elles pratiquent ne prédisposaient pas tellement les filles à rejoindre une écurie où évoluent aussi bien Black Country Communion, DeWolff, Walter Trout que Steve Vai.
Mais de quel style s'agit-il ? Conquer Divide est étiqueté Metalcore, (gros) mot qui fait peur s'il en est. En vérité, le quintet du Michigan ressemble davantage à un Evanescence en plus moderne, et surtout bien plus hargneux, ce qu'il doit à la combinaison entre un chant féminin mélodique et un second, caverneux à souhait. Les éruptions de Janel Duarte ne doivent pourtant pas (trop) vous effrayer car la voix claire et puissante de Kiarely Castillo demeure bien la clé de voûte d'un édifice ciselé dans le meilleur d'un rock US dont les accès de colère n'en grèvent jamais la beauté comme l'illustre ce "Slow Burn" résurrectionnel.
Certes un titre tel que 'Afternought.wav', sur lequel s'époumone celle qui assure également la basse, décrasse furieusement les pavillons auditifs. Idem pour un 'System_Failure' épidermique ou cet 'Atonement' aux coutures quasi death metal qui d'emblée envoie le petit bois tandis que 'Pressure' est lancé par une voix auto-tunée tout à fait agaçante. Mais voilà, par sa seule présence vocale, Kiarely emporte tout, pardonne tout (ce 'OnlyGirl' aux relents de R'n'B pour ondes américaines). Elle est, pour ceux qui ne connaissent pas Conquer Divide, la grande découverte de ce deuxième album, sorte de Amy Lee (Evanescence) d'un nouveau genre, d'un nouveau temps. Associée à une écriture en béton armé, sa performance propulse "Slow Burn" vers des sommets. Toutes les chansons sont aussi imparables les unes que les autres, rageuses mais toujours mélodiques, modernes mais pétries d'émotions à l'instar des 'Invisible' ou 'Playing w/fire' qui procurent des frissons. Impossible de lui résister.
Il en résulte un disque dont la férocité et quelques tics vocaux trop modernes n'en rognent pas la force racée. "Slow Burn" est vraiment ce qui se fait de mieux en matière de rock américain gainé de chant féminin et Conquer Divide apparaît comme son incontestable chef de file.