Shade Empire est un groupe à mi-chemin entre Fleshgod Apocalypse et Dimmu Borgir, né en Finlande il y a plus de vingt ans, et qui s’est fait une petite place sous le soleil de Satan avec cinq albums qui ont eu de bons retours. Mais ce début de notoriété n’a pas empêché Juha Harju (chant) d’être remplacé par Henry Hämäläinen (Halysis, Neon Dæmon) ou Olli Savolainen (claviers) de quitter le groupe. Pour leur nouveau disque, “Sunholy”, les Finlandais convient Francesco Ferrini (Fleshgod Apocalypse) pour leur tisser un écrin symphonique soyeux. A l’image de sa superbe pochette quasiment gothique, "Sunholy" est sombre et tendre... Embarquez pour un voyage sombre et mélancolique, quasiment mystique.
Dès les premières secondes, l’album dispense une belle énergie et se positionne en équilibre entre mélodie et puissance. Le mot-valise Sunholy résume ce mélange entre une impiété caractéristique du black et des touches de lumière dissimulées ici et là. Ainsi même si la bestialité terrasse les compositions, elle est adoucie par de fines gouttes cristallines de sensualité harmonique. Des profondeurs de la nuit profonde surgit alors une entité aux multiples facettes gouvernée par un plaisir mélodique, soutenue par un grunt digne d’Insomnium ou un chant clair dans la tradition du heavy.
Sur des rythmes rapides et plombés, au gré de riffs variés, Shade Empire colle dos à dos violence et orchestrations simples aérées. Ces dernières laissent beaucoup de place pour la respiration des mélodies (comme les guitares solitaires de 'The Apostle'). Le groupe varie les parties de chant et les rythmes, assumant des ruptures dans le flot de grosses caisses et de doubles pédales. Si l'on ajoute à cela une belle voix pleine de feeling, les chansons provoquent une émotion et un plaisir non feint. Quelques touches de modernité s’allient à un certain classicisme quand les structures très death se superposent à des variations électroniques presque synth pop (‘This Coffin an Island’). Ce dernier titre colle le frisson avec sa voix limpide proche de Matthew Bellamy (Muse) ou de la frange progressive (Darkwater ou Evergrey). Le disque flirte donc avec le metal progressif par des variations multiples couronnées de saxophone sensuel.
“Sunholy” réunit tout ce qu’il faut pour séduire l’amateur de mélodies sombres. Très bien joué, techniquement irréprochable et bourré de mélodies, il séduit en toute simplicité. Certes la musique de Shade Empire n’est pas novatrice, mais elle propose suffisamment de temps forts, de pointes progressives ou d’envolées mélodiques pour attirer durablement l’oreille. Espérons simplement que le groupe prenne quelques libertés avec un style et ose dépasser les limites de sa musique... car il a tout en main pour casser la baraque !